
Les arbres se parlent-ils ? Suzanne Simard montre qu’ils communiquent.
Chez Groww, la communication des plantes, c’est un sujet qui nous « parle » !
Non, nous ne sommes pas devenus de doux dingues, à l’instar de certains lecteurs de L’intelligence émotionnelle des plantes de Cleve Backster. Baxter est un célèbre ancien agent de la CIA qui avait, pensait-il, prouvé que votre yucca savait lire dans vos pensées, allant même jusqu’à imaginer que des plantes pouvaient reconnaître la main de celui qui les avait blessé. Lorsque son livre est sorti il y a une quinzaine d’années, des milliers d’américains se sont mis à faire écouter du Mozart à leur potager. Malheureusement, des scientifiques ont essayé, mais personne n’a pu reproduire les expériences de Baxter…
Et pourtant… De nombreux scientifiques se sont penchés sur la question.
(attendez avant de râler, les sceptiques !)
Les capacités sensorielles des racines des plantes ont beaucoup fasciné Charles Darwin, qui dans ses dernières années est devenu de plus en plus passionné par les plantes. Charles Darwin et son fils Francis ont exécuté de nombreuses expériences ingénieuses sur les plantes, se concentrant sur la racine de jeunes plantes. Ils ont démontré qu’elles pouvaient détecter la lumière, l’humidité, la gravité, la pression et plusieurs autres qualités environnementales, afin de déterminer la trajectoire optimale pour la croissance de la racine.
La dernière phrase du livre de Darwin, «Le pouvoir du mouvement dans les plantes», est d’ailleurs assez symbolique :
«Il n’est guère exagéré de dire que la pointe de la radicule (…) ayant le pouvoir de diriger les mouvements des parties adjacentes, agit comme le cerveau de l’un des animaux inférieurs ; Le cerveau étant assis dans l’extrémité antérieure du corps, recevant des impressions des organes sensoriels et dirigeant les différents mouvements. «
Darwin nous proposait de penser la plante comme une sorte d’animal à l’envers, avec ses principaux organes sensoriels sur le fond, sous terre, et ses organes sexuels sur le dessus. Pourquoi pas…
Les scientifiques ont depuis prouvé que les extrémités des racines des plantes, en plus de détecter la gravité, l’humidité, la lumière, la pression et la dureté, peuvent également détecter l’azote, le phosphore, le sel, les diverses toxines, les microbes et les signaux chimiques des plantes voisines. Les racines sur le point de rencontrer un obstacle impénétrable ou une substance toxique changent de cap avant de prendre contact. Elles sont capables de déterminer la nature des racines voisines, parent ou étranger. En général, les plantes rivalisent pour l’espace racinaire avec d’autres plantes, y compris de leur propre « famille », mais dans certains cas, ce n’est pas le cas ! Ainsi quand Susan Dudley, une chercheuse de l’université de l’Ontario, a mis quatre plants de Cakile edentula, une brassicacée de la région des Grands Lacs, étroitement liées dans le même pot, les plantes ont restreint leurs comportements concurrentiels habituels et ont apparemment…partagé les ressources, alors que d’autres plants, mis dans des pots avec d’autres variétés, entraient en concurrence.
L’un des domaines les plus actifs de la recherche sur les plantes ces dernières années concerne la communication des plantes entre elles. Depuis le début des années 80, on sait que lorsque les feuilles d’une plante sont infectées ou mâchées par des insectes, les plantes émettent des produits chimiques volatils que leurs voisines vont recevoir, et que ces dernières s’organisent en défense. Parfois, ce signal d’avertissement pourrait même contenir des informations sur l’identité de l’insecte, glané du goût de sa salive. Selon la plante et l’attaquant, la défense s’organise par une modification du goût ou de la texture de la feuille, ou parfois la production de toxines ou d’autres composés qui rendent la chair de la plante moins digestible aux herbivores. Ainsi, lorsque les antilopes parcourent les acacias, les feuilles produisent des tanins qui les rendent peu appétissants et difficiles à digérer. Lorsque les aliments sont rares et les acacias sont surchargés, les arbres produisent des quantités suffisantes de toxine pour tuer les animaux.
Suzanne Simard est écologiste forestière à l’Université de British Columbia. Elle et ses collègues ont fait une découverte étonnante : les arbres et les plantes communiquent réellement et interagissent les uns avec les autres. Via un réseau souterrain de champignons reliant les arbres et les plantes, cette symbiose favorise le partage des ressources, contribuant ainsi à l’épanouissement de l’ensemble des arbres et des plantes.
Sa conférence est visible ici.
« Sous terre, il y a cet autre monde, un monde de sentiers biologiques infinis qui relient les arbres, leur permettent de communiquer et permettent à la forêt de se comporter comme un seul et unique organisme.
Cela pourrait vous rappeler une certaine intelligence… »
A l’aide de carbone 14 et d’un isotope stable, ses expérimentations ont révélé que les mycorhizes déplacent notamment le carbone, l’eau et les nutriments entre les arbres, selon leurs besoins.
Je suis allée au premier bouleau et j’ai enlevé le sac. J’ai passé mon compteur Geiger sur ses feuilles. Kkhh ! Parfait. Le bouleau avait absorbé le carbone 14.
Puis, le moment de vérité. Je suis allée jusqu’au pin. J’ai enlevé son sac. J’ai passé le compteur Geiger
sur ses aiguilles et j’ai entendu le plus beau des sons : kkhh !
C’était le son du bouleau parlant au pin et le bouleau disait : « Salut, puis-je t’aider ? »
Et le pin disait : « Oui, peux-tu m’envoyer du carbone ? Parce qu’on m’a recouvert avec une toile d’ombrage.»
Pourquoi?
Il s’avère qu’à cette période de l’année, pendant l’été, le bouleau envoyait plus de carbone au pin
que le pin n’en envoyait au bouleau, surtout si le pin était ombragé. Dans les expériences suivantes, c’était le contraire, le pin envoyait plus de carbone au bouleau que le bouleau n’en envoyait au pin car le pin grandissait encore alors que le bouleau n’avait plus de feuilles. Les deux espèces étaient interdépendantes, comme le yin et le yang. Ainsi, la racine d’un plant peut transmettre du carbone à la racine d’un autre plant.
“Les arbres adultes fournissent aux plus jeunes des nutriments, sans lesquels ceux-ci ne pourraient subsister.”
Au cœur du réseau mycorhizien d’une forêt se dressent ce que Suzanne appelle les « Arbres Mères ». Ce sont de grands arbres plus anciens qui s’élèvent au-dessus de la forêt. Ces «Arbres-Mères» sont reliés à tous les autres arbres de la forêt par ce réseau de filaments de champignons et peuvent influer sur les ressources de toute la communauté végétale. Les dernières recherches de Simard révèlent que lorsqu’un arbre-mère est abattu, le taux de survie des jeunes membres de la forêt a sensiblement diminué.
Et pourquoi on vous dit ça ?
Parce que ce que dit Suzanne résonne avec ce que nous souhaitons mettre en avant : le besoin d’une plus grande bio-diversité. Elle remarque que les forêts actuelles, souvent plantées par l’homme, avec un choix limité, manquent de complexité et sont plus vulnérables aux infections et aux insectes. CQFD.
On vous laisse méditer un peu là dessus, quand vous revenez, et si vous avez envie de parler aux plantes, de vous mettre au jardin, regardez ce que nous faisons ! Nous avons créé Groww, à la fois site et application de jardinage, qui vous aide à savoir quoi faire, quand, et comment au jardin en fonction de vos plantes, de votre localisation géographique, du temps qu’il fait… Groww est gratuit et disponible pour Iphone et Ipad ici et pour android là.