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Observer la lumière

Conseils pour concevoir soi-même son jardin 1 : comprendre le lieu.

By Thibaut Martini on 6 avril 2019

Note de la Rédaction : Vous ne le savez peut-être pas, mais Thibaut, qui rédige ici la plupart des articles, les fiches de notre application, qui réfléchit à nos algorithmes, bref, la tête pensante jardinière de Groww, est à la base Paysagiste diplômé de la prestigieuse École de Versailles. Oui monsieur.

Un jour à table, nous lui avons  demandé de bien vouloir nous raconter ce qu’il avait bien pu faire pendant ces six (6 !) années d’études, et globalement, de bien vouloir nous expliquer en quoi consistait un boulot de paysagiste, dans la vraie vie. Ce qu’il (ou elle) fait, tous les jours, comment il ou elle travaille. Ce à quoi on peut s’attendre si on décide, un jour, d’appeler un paysagiste à la rescousse. Et surtout, s’il acceptait de partager avec nous un peu de son savoir, en le rendant accessible et compréhensible par nos cerveaux lents.

Il a réfléchi un moment (comme à son habitude, ce garçon prend toujours son temps), il a dressé un plan de cours, en plusieurs parties et autant de sous-parties chaque, lancé une bouilloire pour le thé, et là, on l’a arrêté pour lui proposer d’en faire une série d’articles. Voilà. je lui laisse maintenant la parole… (fin de la NDLR).

Cette série vise donc à donner quelques conseils pour ceux qui veulent concevoir eux-même leur jardin – ou savoir comment procède un concepteur professionnel. C’est un exercice difficile, alors nous allons surtout parler de méthodologie de travail. Parce que faire les choses dans le bon ordre et se poser les bonnes questions sont essentiels. Ensuite il faut essayer, pour gagner en expérience.

Cette première partie explique comment et quoi observer du Lieu dans lequel vous comptez réaliser votre projet.

Panorama jardin

Les plantations qui existent déjà et les espaces préexistant peuvent donner naissance et nourrir votre projet. Pas question de tout raser ou de tout déplacer.

Le projet naît du lieu.

Le lieu n’est jamais une toile vide. Même une friche n’est pas « vide », pas davantage qu’une pelouse ou un parking. Chacun est d’une part un espace situé dans un contexte plus large – dans un quartier, dans une ville, dans un pays, sur notre planète. Cela implique l’appartenance de ce lieu à un climat, un milieu, la présence d’un sol donné, l’influence du voisinage, etc. En outre chaque lieu a son histoire propre, et y sont rattachés des souvenirs, des événements qui l’ont marqué.

Au vu de ces considérations, une approche « Tabula Rasa » qui consiste à projeter une création « De Novo » sur un espace est risible – ou terriblement attristante. C’est un écueil difficile à éviter au départ, surtout quand on tente d’importer un style préconçu : « en permaculture », « méditerranéen », « A la française », etc.

Tout lieu mérite d’être l’objet d’un nouveau projet, mais un bon projet naît du Lieu et se nourrit ensuite d’autres inspirations.

Pour comprendre l’existant :

« Think positive ! »

Cherchez les qualités du lieu, et non ses problèmes.
Si vous n’avez jamais conçu de jardin vous êtes sans doute surpris par cette injonction. Mais chercher quels problèmes potentiels on risque de rencontrer bride l’esprit. Il faut tenter de s’en abstraire dans un premier temps.

On commence par rechercher les qualités du lieu !

Ces qualités sont susceptibles d’être partout ! Pour les chercher il faut garder l’esprit le plus ouvert possible. Bien sûr, il faut de l’expérience pour les reconnaître, qu’on développe en visitant d’autres jardins.

Exemples de qualités à rechercher :

  • Une orientation vis à vis du soleil qui favorise certains usages – par exemple manger le matin sur une terrasse à l’Est.
  • La qualité d’ombrage d’un arbre qui invite à s’installer dessous l’été.
  • Un espace de pelouse qui donne une impression d’ouverture, et qui permet à la lumière de pénétrer dans le jardin.
  • Des différences de niveau permettant la mise en scène de plantes face au visiteur, et qui n’incite pas à faire des milliers d’aller-retour.
  • Une haie basse qui permet de voir au-delà du jardin, procure une impression d’espace et laisse passer le vent.
  • Un chemin existant confortable…
  • Un coin où les plantes sont exubérantes
  • Un coin très abrité

La liste des qualités du lieu va vous permettre de définir les éléments – les « points forts » – autour desquels travailler et sur lesquels va pouvoir s’appuyer votre projet pour être « solide ».
N.B : Gilles Clément avance que pour travailler sur un Lieu, il faut considérer toute la vie qui l’occupe : non seulement la flore, mais également la faune. C’est très vrai, toutes les connaissances servent à un moment à nourrir le projet. Attention toutefois, à trop passer de temps à observer, à la fin on ne veut plus rien changer, par peur de perdre ce qui compose le Lieu 😉

Jardin à concevoirVous trouvez cet espace uniforme ? La légère pente, l’orientation, la présence des arbres créent en réalité plusieurs « milieux » au sein d’un seul jardin.

Penser large.

Certes, on n’intervient que sur l’espace que l’on possède, néanmoins d’autres éléments extérieurs vont venir participer à la perception du projet définitif. La facade de la maison du voisin qui donne dessus, la qualité du trottoir, ou la haie vont contribuer à l’impression générale que vous aurez dans votre nouvel espace.

Le langage nous incite à penser les éléments qui composent un espace comme distincts : « l’allée, la pelouse, les fleurs, la haie, etc. » Pourtant ces éléments sont en interaction étroite : les fleurs qui grandissent et débordent sur l’allée réduisent visuellement celle-ci. La forme d’une pelouse est formée par les éléments voisins – massifs de fleurs, allées, murs, haies, etc.

C’est pour ces raisons qu’on vous conseille de ne pas segmenter votre pensée par secteur ou par corps de métier, mais à établir un projet global dès le départ. C’est indispensable pour obtenir un résultat cohérent. Ensuite rien n’empêche de faire les travaux à son rythme, morceau par morceau, du moment que le projet global est clair.

Si on ne procède pas comme ça on obtient des espaces confus, comme collés les uns aux autres sans transition.

Facades

On voit très bien de chez soi les façades de chez voisins, alors pourquoi ne pas prendre en compte leurs présence lorsqu’on va imaginer les espaces ?

Lister les usages.

C’est une étape indispensable qu’il faut exécuter sérieusement.

D’abord il faut faire la liste de toutes les activités qui ont lieu au jardin, puis y ajouter celles qu’on désirerait y accomplir.
Ensuite vient la partie difficile il faudra passer cette liste au crible au fur et à mesure de l’avancement du projet, et faire des choix raisonnables. Par exemple : Faut-il vraiment installer une allée qui longe tous les murs de la maison ? Certaines sections – entre l’entrée et la terrasse par exemple – sont très utiles. Qu’en est-il de celle qui va de la haie à la terrasse ? Ce n’est pas un trajet qu’on effectue tous les jours, alors faut-il vraiment dépenser des centaines d’euros là ?

Il ne faut pas hésiter à imaginer précisément les mouvements liés aux usages : passer avec une brouette chargée, ou marcher en sortant de la voiture avec ses courses requièrent davantage de place que se promener en regardant les fleurs.

Evaluer ses moyens.

Un bon projet respecte une certaine « économie de moyens« . Il vise à obtenir le résultat attendu sans balancer d’argent par les fenêtres avec des matériaux bling-bling, ou des équipements inutiles.
Ce principe est à mettre en balance avec la durabilité désirée : un jardin est soumis à des détériorations dont la vitesse dépend souvent de la qualité des matériaux et du savoir faire du jardinier qui les a installés.

Il existe deux types de moyens à mesurer : l’investissement en temps et en énergie pour réaliser son projet au départ et sa capacité à l’entretenir dans le temps.

L’investissement de départ :

Certaines choses au jardin ne coûtent rien : l’eau de pluie, le développement des plantes, les semis spontanés et la bonne volonté du jardinier passionné. Mais ce qui permet de le créer a parfois un coût : les matériaux pour créer des allées, des bordures, des limites, des escaliers, le coût de la main d’oeuvre, des plantes, etc. Savoir précisément de quel budget on dispose permettra facilement de s’orienter ensuite entre les différentes solutions techniques.

La capacité à entretenir.

Une allée pavée requiert juste d’être nettoyée de temps en temps, une pelouse requiert un entretien hebdomadaire, un massif d’arbustes ne se taille qu’une fois par an, et une mixed-borders requiert d’être entretenue très souvent par une personne « qualifiée ». Chaque choix d’aménagement aura un « coût en entretien » qu’il faut anticiper. Il faut donc savoir si on a envie de jardiner chaque semaine, ou simplement une fois par mois avant de se lancer.

Prenez des photos et faites des dessins.

Si vous savez dessiner et que vous avez du temps, dessinez votre jardin existant, ça aide à la regarder différemment. Vous réaliserez que vous n’avez jamais compté les marches de l’entrée. Si vous manquez de motivation, prendre des photos aide aussi -à condition de les regarder ensuite. Elles-vont vous inciter à rechercher des angles de vue spécifiques – axe d’une allée, perspective d’un massif de fleurs, etc. – qui vous serviront par la suite à expérimenter différentes hypothèses de projet.

Faites la liste des plantes existantes et regardez le sol.

Vous aurez peut être besoin de Groww pour ça.

L’idée est de savoir ce dont vous disposez, et qui peut être réutilisé, déplacé, associé différemment. C’est également l’occasion de remarquer ce qui pousse bien et à quel endroit, et de repérer quelques plantes indicatrices. Comme ça vous aurez une meilleure connaissance du milieu naturel sur lequel vous allez travailler.

C’est aussi l’occasion de regarder la qualité du sol, de repérer les zones de remblais où rien ne pousse, ainsi que les éventuels réseaux souterrains.

Et pourquoi pas demander à un paysagiste ?

« Paysagiste », ou « Paysagiste-concepteur »?

Aujourd’hui tout le monde a le droit de se donner l’appellation de « paysagiste », donc l’entrepreneur de jardin qui vous propose un projet n’est pas forcément un concepteur très compétent. Il s’y connait en technique pour réaliser les travaux, mais le terme paysagiste ne garantit rien pour la conception d’espace.

Mieux vaut consulter les entreprises de paysage avec un projet qui soit déjà dessiné. Pourquoi ? Parce que l’intérêt de l’entrepreneur ne coïncide pas exactement avec le vôtre. Entre différents choix techniques, il vous proposera logiquement celui le plus facile et rapide à mettre en œuvre – comme l’usage d’éléments préfabriqués – mais pas forcément le moins cher.

Les diplômes en paysage qui abordent majoritairement la conception d’espaces extérieurs donnent droit à l’appellation « paysagiste concepteur« , qui elle est réglementée – comme la profession d’architecte. Il existe dans chaque région des professionnels indépendants qui proposent des prestations intellectuelles de conception d’espaces publics ou privés.

Un projet digne de ce nom requiert plusieurs dizaines d’heures de travail, donc prévoyez un budget si vous voulez avoir recours aux services des ces professionnels. Vous n’aurez pas droit à un comédien qui fera le tour du jardin en s’exclamant « Je verrais bien ça ici » avant de vous dessiner « votre projet » sur un coin de table.

Cette prestation supplémentaire d’un intermédiaire ne revient souvent au global pas plus cher – voire moins – au vu des économies qui peuvent être faites avec un projet raisonné.

Bon, et alors, il fait quoi le paysagiste ?

Il vous fait rêver 😉 Nan, mais sérieusement. La ligne directrice, c’est de faire la passerelle entre le jardin rêvé et le réel. Chacun doit se nourrir de l’autre.

Un bon projet donne sa place à chacun : il laisse au milieu naturel la place d’exister, de se développer, tout en étant aménagé pour le confort et le plaisir de ses occupants. L’équilibre est toujours délicat à trouver, car une multitude d’éléments entrent en compte : usages désirés et usages réels, évolution dans le temps, climat, budget, faune, flore, rapport au voisinage, entretien, etc.

Après, de manière plus pragmatique, le concepteur couche le projet sur des plans, des coupes, des perspectives afin de garder une trace écrite de ce qui va être réalisé. Un paysagiste sait planifier non seulement les plantations, mais aussi le nivellement et les terrassements, les circulations et les matériaux, la récupération des eaux de pluie, et les séparations entre les espaces – bordures, clôtures. En bref, tout ce qui constitue les espaces extérieurs est dans son domaine de compétences.

Un calendrier de plantation et d’entretien peut aussi être fourni, car il faut savoir gérer dans le temps, au risque de voir le projet dériver.

Une fois que le projet est défini, le professionnel doit faire le suivi de la réalisation de son projet –  il a par exemple un rôle consultatif auprès des entreprises, pour aider à faire des choix face aux imprévus qui peuvent être rencontrés.

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One reply to “Conseils pour concevoir soi-même son jardin 1 : comprendre le lieu.”

  1. lovinair 28 avril 2018 at 12:28

    Encore un article passionnant plein de pistes pour entamer une réflection, sur un sujet éminemment commun mais d’ampleur réelle : aménager son rectangle ou carré de jardin, pelousé ou non, … dans la famille « je veux tout » :

    – mi-ornement pour le plaisir des yeux,
    – mi-potager pour celui gustatif & santé,
    – mi-réception avec la famille & ami-e-s,
    – mi-intimiste pour la détente solitaire :
    dormir en hamac, lire, peindre, jouer
    d’un instrument où apprendre, etc,
    – occuper ses enfants ou petits-enfants
    donc
    – à quel usage d’abord ? Ok « fait », merci
    oui mais 😐 …
    … « boudu _on » 😮
    par où commencer ? :-/
    🙂 Oohmm..0oOHm..O0oHMmm …
    Ah oui !..
    – donner vie aux chemins empruntés 🙂
    créer avec eux des perspectives 🙂 … et
    – des obstables au vent pour le potager,
    et les pots à chaque fois renversés
    – … ? hmmh …
     » ba’ mouain 1 Thibaud, 2 Thibaud, 3
    Thibaud doudou !!.  »

    Bon en attendant je vais faire tout ça et surtout positionner le hamac sous le noisettier pour mieux réfléchir XD

    Elle est pas belle la vie ??. <3

    PUB !!! <3 J'ai passé hier le cap des 3000 playlists d'artistes/groupes de musique sur "lovinair Youtube", dont plus de 300 africains et 500 US, le reste consacré à l'EurAsie et autres styles musicaux. <3

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