
Protéger et enrichir son sol avec un couvert végétal.
Le couvert végétal est en agriculture une culture intermédiaire entre deux cultures de production. Ne confondez pas avec une « couverture »du sol, c’est à dire le fait de couvrir son sol par paillages, engrais verts, buttes de culture, et surtout les toits en chaume 😉
Sexy subject, isn’t it ? Pourquoi a t’on décidé de vous parler de la technique du couvert végétal dans un article, alors que c’est une pratique agricole et que notre sujet est le jardin ? Parce que la culture de couverts végétaux est un alternative au labour – qui détériore la vie du sol-, et au paillage – qui demande des apports de matériaux très vite insoutenables si on dispose d’un peu de surface. Quiconque a déjà paillé un potager de 200m² pourra vous en parler.
En clair, les couverts végétaux sont l’avenir de l’agriculture et du jardin naturel.
Les enjeux de l’utilisation d’un couvert végétal
Améliorer la fertilité
Nous avions déjà parlé dans notre article sur la différence entre la « terre » et un sol vivant de la propriété des racines de favoriser la vie à leur contact. Comparativement, un sol paillé est plus vivant qu’un sol nu, mais un sol densément planté l’est encore davantage.
Les racines permettent aux organismes vivants de survivre plus en profondeur, et permettent une meilleure diversité. Le résultat en est une fertilité accrue. Résultat : tant que dure la culture, le sol est fertile, il décompose la matière organique et la rend disponible pour la culture suivante.
Fixer de l’azote
Fixer l’azote atmosphérique est une propriété unique des plantes de la famille des Fabacées, par l’intermédiaire de bactéries symbiotiques. C’est important, car pour certains sols l’azote est un limitateur global de fertilité , donc il faut commencer par en constituer un stock avant même de le fertiliser.
Les décomposeurs – les bactéries et champignons – se nourrissent d’ammoniaque (NH4+), donc un sol pauvre en azote sera également incapable de lancer son cycle du carbone, ou celui-ci tournera au ralenti.
Traditionnellement, on palliait à ce problème en épandant du fumier sur les sols pauvres mis en culture, puis des nitrates à l’aire du chimique. Les semis de Fabacées est une alternative intéressante, car leur décomposition nourrit le sol progressivement, contrairement aux engrais classiques. C’est important si on veut que la vie du sol puisse s’adapter progressivement.
Eviter l’envahissement par les adventices des cultures
Au jardin naturel il n’y a pas vraiment de mauvaises herbes, juste des plantes qui germent là où les conditions leur conviennent, et peuvent témoigner de déséquilibres – voyez notre article sur les bio-indicateurs. Toutefois, l’utilisation de couverts spécifiques peut éviter l’installation de certaines spontanées peu désirées car trop difficiles à retirer pour l’installation de la nouvelle culture.
Nourrir la vie locale
En plus de nourrir le sol, les plantes de prairie généralement employées comme couvert végétal accueillent énormément d’insectes – dont les pollinisateurs, et les prédateurs des parasites – et des vertébrés. Une culture intermédiaire au potager sert donc de refuge à toute une vie utile – ou pas, elle est libre – au jardinier.
Protéger le sol.
Les racines des plantes protègent le sol de l’érosion, du lessivage des nutriments, et du compactage par la pluie. On entend régulièrement dire qu’il ne faut jamais laisser un sol nu, et tous les couverts végétaux répondent à ce besoin.
Définir son besoin
Le couvert végétal a potentiellement des propriétés diverses pour répondre aux enjeux cités plus haut. Avant de définir quelles espèces entrent dans celui que vous comptez semer, il faut définir le besoin. Voici les trois cas les plus courants.
Préparation d’un sol jamais cultivé
Regarder les espèces qui se développent naturellement peut vous aider à savoir si vous avez besoin plutôt de décompacter, d’enrichir, ou de fertiliser. C’est expliqué là.
Fertilisation d’un sol déjà cultivé
Si vous cultivez un potager, il faut savoir que la plupart des légumes dynamisent peu le sol. Donc après une ou plusieurs cultures celui-ci a besoin de plantes qui participent à sa fertilité. Il est alors intéressant de semer un « engrais vert » – qui est aussi un « fertilisant vert », d’ailleurs. Les engrais verts sont typiquement semés entre une culture de printemps et une culture de fin de saison, ou en automne. Ils restent en place quelques mois – souvent 3 à 6 – puis ils sont détruits par fauchage ou arrachage afin de les épandre sur le sol où ils servent de paillage.
Cette image a été prise en juillet 2017 au potager du Roi – Versailles – où des essais de culture de prairie sont réalisés entre les rangs de fruitiers, en lieu et place des pelouses.
Protection du sol
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- Pour l’hiver : un sol riche et en parfaite santé ne peut le rester s’il n’est pas protégé durant l’hiver, il existe donc des couvertures qui ne servent pas d’engrais, mais d’abord de protection physique.
- En cours de saison : les sols légers doivent être « armés » par des racines en permanence, au risque de les voir s’éroder au fil des saisons. Certains couverts très spécifiques participent par exemple à la fixation des dunes ou des bords de rives.
Quelle espèce pour quel usage ?
Moutarde blanche : son premier intérêt est sa levée très rapide qui prend de vitesse les autres plantes. Elle permet aussi d’éviter le lessivage des nutriments. Semis au printemps ou en automne.
Phacélie : bonne plante mellifère qui utilise son système racinaire profond pour faire remonter les nutriments et décompacter le sol. Semis au printemps jusqu’en été.
Luzerne : cette Fabacée n’est pas seulement destinée à nourrir les animaux domestiques, elle fixe l’azote atmosphérique. Semis au printemps.
Vesce : encore une Fabacée qui fixe l’azote de l’air, et peut aussi attirer les abeilles et les auxiliaires. Semis au printemps ou en automne.
Pois : les pois participent aussi à la fixation de l’azote. Semis au printemps ou en été.
Les pois souvent utilisés en agriculture sont les pois fourragers, mais toutes les variétés de Pisum sativum pourraient convenir. Merci à FreeUseNaturePhotos pour l’image.
Avoine : à utiliser avec précaution, car il est parfois difficile de s’en débarrasser, mais l’avoine puise profondément dans le sol pour l’alimenter et le protège densément. Semis au printemps ou en automne jusqu’en décembre.
Fèves : ou féveroles. Encore un fixateur d’azote qui est classiquement utilisé en culture d’hiver, pour protéger le sol et le fertiliser. Semis au printemps ou en automne.
Sarrasin : facile à cultiver sur sol difficile, le sarrasin fixe les nutriments et les convertit en matière organique. Semis au printemps.
Lin : son intérêt est surtout pour favoriser la biodiversité, car il germe parfois plus lentement que les autres espèces. Semis au printemps ou en automne.
La liste ne s’arrête pas là, nombreuses sont les annuelles bénéfiques au sol.
Conseils importants :
- Plus vous mélangez d’espèce, meilleure devient la fertilité du sol, grâce à la diversité des décomposeurs et des processus physico-chimiques.
- Nous n’avons pas mentionné ici le trèfle blanc, qui fait un bon couvert, mais est un peu difficile à retirer car c’est une vivace qui s’enracine bien. Il est par contre tout à fait valable pour un couvert permanent.
- Vous pouvez bien entendu ajouter des fleurs annuelles – cosmos, bleuets, nigelles – dans votre mélange pour le plaisir !
Installer son couvert végétal.
On procède par semis, comme pour un gazon. L’idée est de préparer sa surface finement – au râteau – après l’avoir décompactée sur quelques centimètres. Inutile de « passer le motoculteur » avant ce genre de semis, ce qui lui fait perdre une partie de son intérêt, qui était d’éviter le labour.
Ensuite il convient de semer régulièrement, à la volée. Mélanger ses graines avec du sable dans un seau permet d’avoir un repère visuel pour maîtriser la régularité du semis. Pour finir, il faut « rouler » son semis, ce qui consiste à tasser le sol en surface pour mettre en contact les graines avec la terre.
Selon la saison, il peut être nécessaire d’arroser les premières semaines.
Mais alors Groww, c’est quoi ?
Si vous tombez sur ce site par hasard et que vous avez lu jusqu’ici, sachez tout de même que Groww est une application mobile de jardinage qui reconnait aussi les plantes, disponible pour Iphone et Ipad ici et pour android là.
Merci à Joe Mabel pour l’image d’en-tête.
cosson
Article très intéressant c’est à étudier et essayer merci