
L’eau disponible pour les plantes : comprendre le sol et l’enracinement.
Les périodes de sécheresse se profilent, c’est le moment de parler sérieusement de l’eau au jardin. Pour les jardiniers, le sol reste souvent assez mystérieux. Tout jardinier sait si son sol est « argileux, acide, calcaire, riche, humifère ou sableux », mais peu comprennent finement l’influence que ça a sur la disponibilité en eau pour les plantes.
Aujourd’hui nous allons donc vous raconter comment les plantes s’enracinent, et quelle influence a le sol sur l’accès aux stocks d’eau.
1. La profondeur du sol.
On peut comparer le sol à une réserve d’éléments dans lesquels la plante peut puiser. Plus le sol est profond, plus la capacité de stockage d’eau augmente de manière linéaire – i.e. on stocke deux fois plus dans 20 cm que dans 10 cm. Un sol deux fois plus profond peut se suffire de précipitations deux fois moins fréquentes – à conditions qu’elles soient deux fois plus intenses, et que les racines aillent effectivement explorer jusqu’au fond 😉
C’est important à comprendre pour tout possesseur de pots ou de bacs, ça explique pourquoi on a besoin d’arroser moins souvent dans un grand pot. C’est évident, mais on voulait le dire.
2. Le comportement de chaque type de sol.
Sol drainant ou sol rétenteur d’eau ?
C’est super important ! Chaque type de sol se comporte différemment vis à vis de l’eau.
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- Sol sableux : l’eau part en profondeur très rapidement, et en général elle remonte peu par capillarité, donc les plantes ont besoin de racines très profondes pour aller chercher l’humidité. Ce genre de sol est mal adapté à la culture d’annuelles potagères qui ne peuvent pas former de racines assez profondes, et il oblige à arroser souvent en petites quantités. Notez toutefois que les plantes vivaces installées en sol drainé ont un avantage en cas de sécheresse : forcées de faire des racines très profondes, elles sont capables d’aller puiser à plusieurs mètres de profondeur où l’eau subsiste des mois.
Merci à darkday pour cette image qui montre combien les racines peuvent descendre.
- Sol légèrement argileux : l’argile stocke l’eau entre ses feuillets microscopiques en grandes quantités. Si ces sols manquent de matière organique ils forment de grosses mottes qui emprisonnent l’eau, et la re-livrent difficilement. D’où l’importance du complexe argilo-humique dont nous parlerons plus bas. Si votre sol est de ce type, arrosez normalement, mais paillez beaucoup pour éviter la formation de croûtes liées aux intempéries. Attention, en cas de sécheresse l’argile libère très difficilement son eau
- Sol très argileux : si vous avez un doute, ce sont souvent des sols brun sombres et collants. L’argile stocke beaucoup d’eau, mais en général elle la garde pour elle ! Il faut un taux d’humus très élevé pour réussir à améliorer la composition de ce type de sol. En revanche les échanges d’eau et de nutriments entre la surface et la profondeur se font assez facilement. Si votre sol est de ce type, arrosez normalement, mais attention en cas de sécheresse : si le sol est très compacté, l’eau risque de se trouver coincée en profondeur, et dans tous les cas l’argile une fois sèche a besoin de beaucoup d’eau pour se réhydrater..
- Sol limoneux avec peu d’argile : ils stockent énormément d’eau qui est facilement disponible pour les plantes car elle remonte par capillarité sans problème. Le risque est que ces sols forment facilement une croûte compacte et étanche si on les travaille par temps humide, ce qui peut bloquer les remontées d’eau des couches profondes. Arrosez normalement, mais paillez et cassez la croûte de surface si elle se forme.
- Terre de bruyère et terreaux : les substrats purement organiques ont un comportement qui varie beaucoup en fonction de la finesse des éléments qui les composent. Les éléments fins empêchent l’eau de s’infiltrer, et ils la gardent sur place au risque parfois de noyer les racines. Les éléments grossiers laissent s’infiltrer l’eau en profondeur, et ne forment pas de capillarité par laquelle l’eau elle peut remonter. Ces sols ne craignent pas le tassement, et re-livrent l’eau rapidement aux racines, ce qui oblige à arroser très régulièrement.
3. Le complexe argilo-humique.
L’humus associé aux argiles rend l’eau stockée dans le sol plus facilement disponible pour les plantes – sans parler des nutriments qui ne sont pas le sujet de cet article. Ce qui veut dire qu’en déposant durant des années votre compost au jardin, vous pouvez limiter l’arrosage. C’est magique ! Attention, détail important : les humus et les argiles ont besoin de l’action de la faune du sol – comme les lombrics – pour former le complexe argilo-humique, la réaction n’est pas spontanée ! Ça ne fonctionne qu’avec un sol vivant.
La richesse du sol et son acidité ont-elles une influence ?
La force de succion d’une racine doit être supérieure à celle du sol ! Dit simplement, ça signifie que toutes les plantes n’attirent pas l’eau avec la même force, et que certains sols retiennent moins bien l’eau.
Bien évidemment, plus le sol est sec, plus son pouvoir de succion augmente – et plus les racines doivent faire d’efforts pour aspirer l’eau.
En revanche, la pression osmotique – liée à la concentration de solutés dans l’eau – a une influence négligeable. Donc que le sol soit riche, pauvre, acide ou basique ne change pas fondamentalement les choses en besoin d’arrosage.
4. Comment inciter vos plantes à produire un enracinement de qualité ?
That is the question !
Les plantes réagissent aux stimulations pour se développer : si elles ont soif, elles vont développer des racines. A l’inverse un manque de lumière ou des coupes fréquentes vont provoquer l’allongement des tiges et des feuilles au détriment des racines.
Donc quand vous accueillez une nouvelle plante chez vous, une fois la période de reprise passée mettez-la à la diète en arrosant peu pendant plusieurs semaines ! Mieux vaut le faire au printemps, pour que vos plants soient prêts à passer l’été.
4. L’arrosage automatique sur de grandes superficies, le pire du pire.
Merci à Soil science pour cette image.
La conséquence d’un « bichonnage » excessif des plantes – comme peut l’être un arrosage quotidien – est que les plantes développent un enracinement superficiel. Dans ce cas elles n’explorent pas en profondeur et ne facilitent pas les échanges entre les couches du sol. A terme, ça provoque la dégradation des sols !
Vous allez me dire que ce n’est pas si grave pour les particuliers. Peut être pas, mais avant d’installer un arrosage automatique sur le gazon, mieux vaut savoir que ça va inciter les racines à aller moins profond, elles récupérerons moins de nutriments, et il faudra aussi apporter de l’engrais…
Pour aller plus loin
On vous conseille – même si vous ne lisez pas l’Anglais dans le texte – d’aller jeter un oeil à cet article de National Geographic, les images parlent d’elles mêmes.
Voici aussi un lien vers un super article pour en savoir davantage sur le complexe argilo-humique, mais attention c’est pointu.
Comment utiliser ces nouvelles connaissances quand on jardine avec Groww ?
Groww – l’application mobile – vous donne des conseils sur les périodes d’arrosage standard, mais compte sur vous, jardiniers, pour les adapter à vos conditions ! Il est mauvais de trop faciliter la vie à une plante, hé bien c’est pareil pour les jardiniers – on fixe juste un cadre qu’il faut adapter à ses conditions particulières de culture. Si vous savez que votre sol est très drainant, arrosez plus souvent que ce qui est conseillé, et inversement s’il stocke très bien l’eau ou qu’une source traverse la parcelle.
Bon jardinage, et merci à Soil Science pour la superbe image d’en-tête !
magagnin
intéressant