
L’île Derborence, un tiers-paysage volontaire.
Un petit coup de coeur, parce qu’on est du coin, et que c’est vraiment très beau : aujourd’hui, on vous parle de l’Ile Derborence.
Si vous venez à Lille – nous voir, par exemple ! – par l’une des deux gares, utilisez quelques minutes pour découvrir le parc Matisse, juste à côté. Créé en 1995 par le paysagiste Gilles Clément, il recèle une surprise.. de taille.
En son centre, vous y trouverez l’ile Derborence : une espèce de plateau surélevé à plus de 7 mètres du niveau du parc, dont ne sont visibles, vu d’en bas, que de grandes parois rocheuses comme les falaises du cap Blanc Nez voisin, et la cime des arbres qui semblent y pousser. Le voyageur curieux aura beau faire le tour, nulle porte d’entrée, nulle passerelle, nul escalier : l’île Derborence est tout simplement inaccessible à l’homme.

Image Claudine Colin
Vu d’un peu plus haut, on distingue le tracé, et comment la végétation a pris le dessus.
Cet îlot sauvage a une fonction : attirer la biodiversité la plus large, à l’écart de toute intervention humaine. Si l’on compare le nombre d’espèces que l’on trouve dans un champ, une parcelle cultivée, un jardin, à celui d’une zone délaissée qui leur est attenant, on y trouve beaucoup plus de biodiversité. L »île Derborence est l’une des – encore trop – rares zones volontairement instaurées par l’Homme de ce que Gilles Clément nomme le tiers-paysage.
Entrouvrir des brèches. Ne pas vouloir tout régenter au jardin, laisser la nature s’installer, parfois, là où elle le veut et pas forcément là où ça nous arrange, et surtout, surtout, lui offrir des havres, sanctuaires – appelez ça comme vous le voulez : des zones où l’homme ne met pas les pieds. Des petits morceaux de Tiers-paysage. Si vous nous lisez de temps à autre, vous avez sûrement compris comme cette idée nous est chère.
Tiers-paysage, vous avez dit ?
Le Tiers-Paysage – fragment indécidé du Jardin Planétaire – désigne la somme des espaces où l’homme abandonne l’évolution du paysage à la seule nature. (…) Le nombre d’espèces recensées dans un champ, une culture ou une forêt gérée est faible en comparaison du nombre recensé dans un délaissé qui leur est attenant.
Gilles Clément à propos du Tiers-paysage.
L’île s’inscrit dans le concept de jardin Planétaire, projet politique d’écologie humaniste que défend Gilles Clément : en valorisant ainsi des espaces habituellement considérés comme négligeables, la théorie du paysagiste invite les décideurs et les concepteurs à ne pas intervenir sur certaines portions d’aménagements. Un autre exemple de cette théorie se trouve à Saint Nazaire, dans les Jardins du tiers-paysage.
Evidemment, l’ïle Derborence ne se visite pas : elle s’admire d’en bas.
Et Groww au fait, c’est quoi ?
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Image d’en-tête bpmm