
Le calendrier lunaire
Le calendrier lunaire, pour ou contre?
Le moins que l’on puisse dire, c’est que jardiner avec la lune soit un sujet polémique chez Groww !
D’un côté, les jardiniers – nombreux ! – qui utilisent chaque jour le calendrier lunaire au jardin – dont certains de nos utilisateurs qui réclament cette fonctionnalité dans notre appli à corps et à cri ! – de l’autre, les geeks qui développent Groww – de formation scientifique pour l’essentiel, complètement hermétique à tout raisonnement non cartésien. Et pourtant, nous avons décidé d’accéder aux demandes de nos utilisateurs, en ajoutant un calendrier lunaire à l’app. Mais d’abord…
Le calendrier lunaire, qu’est ce que c’est?
Selon Steiner et les tenants du calendrier lunaire au jardin, deux facteurs influencent les plantes.
La constellation devant laquelle nous voyons la lune, dans le ciel.
Selon que la constellation en question correspond à un signe d’eau, de terre, de feu ou d’air, la lune favoriserait certaines plantes.
- Signes d’eau : Cancer, Scorpion, Poisson – bénéfiques aux légumes dits « feuilles » – salade ou épinards.
- Signes de feu : Bélier, Lion, Sagittaire – bénéfiques aux fruits et aux graines.
- Signes de terre : Taureau, Vierge, Capricorne – légumes racines.
- Signes d’air – Gémeaux, Balance, Verseau – légumes – et plantes ! – fleurs.
Le mouvement de la lune – descendante ou ascendante.
À ne pas confondre avec lune croissante ou décroissante : il s’agit de savoir si la lune, dans son parcours dans le ciel sur plusieurs jours (et nuits!) est en train de monter, ou de redescendre vers l’horizon.
- Pendant la lune montante, les liquides internes des plantes monteraient, attirés par l’attraction lunaire. Les calendriers conseillent de greffer et de récolter, notamment.
- En lune descendante, les liquides internes des plantes descendent vers les racines.C’est – ce serait, au conditionnel – le bon moment pour récolter des racines, pour tailler, pour repiquer, pour rempoter…
Et d’où ça vient?
Depuis des millénaires, les hommes utilisent la lune et ses variations – mais c’est à Rudolf Steiner, père de l’anthroposophie et fondateur de la culture biodynamique en 1924, que l’on doit la synthèse des lois concernant la Lune devant les constellations.

Source : Paulo Valdivieso
Et les cartésiens, ils disent quoi?
D’un point de vue scientifique – disons cartésien ! – la logique ne tient évidemment pas très bien. Ainsi, évoquer les constellations, qui rappelons le n’ont de logique que vues de notre terre – puisqu’elles rassemblent des étoiles parfois plus distantes en réalité les unes des autres que la plus proche n’est de la terre – ou encore les unir dans des ensembles – d’air, d’eau et de feu – qui ne sont que subjectifs, n’a aucun fondement scientifique. Parler de lune « montante » ou « descendante » est là aussi très subjectif – et il n’y a aucune raison de lier ce phénomène à l’influence – là très réelle ! – de la lune sur les marées – qui lui a lieu… 2 fois par jour (et qui a d’ailleurs à voir, non pas avec la lune seule, mais au fait que les influences de la lune et du soleil s’additionnent ou se soustraient…)
Bref, s’il y a quelquechose à approfondir, ce n’est pas en essayant de mettre de la science – ou des pseudo-concepts – que l’on va y arriver?
Et la science dans tout ça?
Difficile de faire la preuve – scientifiquement parlant ! – de l’influence (ou non) de la lune sur les plantes – pour la simple et bonne raison qu’il faudrait « fixer » les autres facteurs dont dépendent la croissance et la santé d’une plante – ensoleillement, température, nutriments… – c’est donc difficilement réalisable ! Le Conseil Scientifique de la Société Nationale d’Horticulture de France a néanmoins publié une étude… sans appel. Extrait :
« Après avoir étudié les publications scientifiques produites par les grands noms du courant biodynamique nous en sommes arrivés à la conclusion suivante. Si la lune a une influence sur la performance agronomique des plantes, elle est infinitésimale. Cette influence est incomparable en intensité avec celle, bien identifiée, sur les marées des océans. Le rôle de la qualité des sols, de l’alimentation hydrique, de la température, de l’ensoleillement, du contrôle des ravageurs est immensément plus important que celui du cycle lunaire. Qu’il y ait des jours pour les légumes à feuilles, d’autres pour des légumes à racines, d’autres encore pour ceux qui poussent vers le haut ou vers le bas, est une croyance qui relève de la crédulité aux prévisions des horoscopes. Quant aux jours de nœuds lunaires où il faut ne rien faire dans son jardin, c’est assez ridicule. Il nous semble qu’il vaut mieux semer ses haricots ou ses radis un jour « noir » mais ensoleillé, que de le faire le jour adéquat sous une bourrasque orageuse (…) »
Conclusion : l’influence de la lune serait infinitésimale. Et s’il y a quelque-chose à chercher, ce n’est point du côté de la science, et certainement pas en maniant ses concepts – attraction universelle – à tort et à travers.
Et pourtant?
Pourtant, des milliers de jardiniers utilisent le calendrier lunaire et jurent, le coeur sur la main, que celui-ci leur est une aide précieuse. Alors, pourquoi?
La plus convaincante des explications, nous l’avons trouvée sur le blog de l’Arpent Nourricier, qui évoque en substance le fait que suivre le calendrier lunaire, cela revient à reporter nos actions – jamais à les avancer. Si nous souhaitons semer aujourd’hui mais que le calendrier lunaire le déconseille, nous planifions cette tâche pour plus tard, quand la lune y sera bénéfique. Et que reporter, en matière de jardinage, surtout potager, est toujours bénéfique !
« Par son caractère astreignant, le calendrier lunaire tempère l’empressement du jardinier et le conduit à surseoir à certains semis ou certaines plantations, puisque la lune tombe rarement au bon moment. En moyenne, on peut dire que la contrainte lunaire, quelle qu’en soit l’absurdité scientifique, a le mérite de souvent retarder les opérations au jardin d’une semaine ou deux. CQFD. »
Et nous y voyons une autre raison, peut-être moins poétique mais tout aussi valable ! Le nombre de choses à faire au jardin, dès qu’on cultive une surface raisonnable, peut paraître impressionnant, voire rebutant ! Tous ces travaux à entreprendre… le calendrier lunaire offre une structure, une trame, sur laquelle le jardinier vient tisser son labeur de chaque jour. A chaque jour suffit sa peine, semble dire la lune, tu as semé les légumes racines aujourd’hui, attend quelques jours avant de semer les légumes feuilles…
Cela dit, ceci étant : Groww essaie précisément d’offrir une « structure » – une trame pour organiser le travail au jardin !
Pour aller plus loin, l’article de l’Arpent nourricier est à lire : C’est bidon, et pourtant
Source image : Roger Bunting