
Le compost de surface
Composter c’est polluer !
La phrase de Konrad Schreiber - ingénieur agricole au sein de l’IAD et grand défenseur du compost de surface – est un brin provocatrice. Pour ceux d’entre nous qui compostent sagement leur déchets de cuisine et les résidus de tonte ou de taille au jardin, elle a de quoi surprendre !
Attendez, partez pas !… Pour ceux qui ont le temps, le délicieux accent du sud-ouest de Konrad vous explique tout dans cette vidéo (Extrait d’une conférence le 30 août 2015, dans le cadre de Paysage in Marciac) – , pour les autres, lisez la suite !
Selon Konrad Schreiber, le compost que l’on pratique souvent - un tas dans le fond du jardin – serait en fait moins efficace que la réutilisation directement sur le sol des végétaux, sans passer, en quelque sorte, par la case compost.
Composter en tas, c’est court-circuiter le cycle naturel de décomposition de la matière organique. Un compost, c’est perdre énormément de matière, et d’énergie, c’est de la fermentation et de la production de Co2 qui s’évapore et se retrouve dans l’air, alors que ces éléments auraient pu être réutilisés pour la vie du sol.
Le calcul est simple : une tonne de matière organique mise à composter « en tas » produit environ 850 Kg équivalent Co2. Le même volume répandu au sol, c’est en fait reproduire ce que fait la nature – dans les sous bois par exemple – et laisser le cycle se développer intégralement.
Plus c’est frais, meilleur c’est !
Le compost en surface, c’est quoi ?
En fait, c’est très simple : composter en surface, c’est déposer des déchets végétaux directement sur le sol. Ces déchets végétaux vont être décomposés sur place par les micro-organismes, ce qui va fertiliser et améliorer la terre.
Quels déchets ?
Les déchets utilisés dans le cadre du compost de surface sont les mêmes que ceux que vous mettez habituellement dans le composteur :
- Les déchets de tonte de pelouse
- Les feuilles mortes
- Les résidus de taille broyés
- Les déchets compostables de la cuisine : épluchures, marc de café, coquilles d’œufs, etc
Dans l’idéal, on mélangera de façon équilibrée 1/3 de déchets verts, riches en azote notamment, et 2/3 de déchets dits « ligneux » – du bois – pour leur apport en matières carbonées.
Sur quelle épaisseur ?
Une couche trop épaisse pourrait conserver trop d’humidité ! A vous de voir, mais cela dépend bien sûr des mélanges que vous faites : plus vous apporterez d’éléments variés, plus vous pouvez vous permettre d’augmenter l’épaisseur.
Et si c’est moche ?
C’est sûr, des résidus de cuisine au jardin, c’est pas toujours joli ! Gardez toujours sous la main un peu de paillis, de feuilles mortes broyées, pour recouvrir le compost de surface.
Et c’est tout ?
Non ! Le compost de surface a d’autres avantages :
- Le compost de surface joue le rôle de paillis, retenant l’eau et limitant ainsi les besoins en arrosage.
- Le compost de surface favorise le développement de la biodiversité, représentant une source de nourriture pour la vie du sol.
- Il limite enfin les manipulations pour le jardinier : C’est moins fatigant ! Quand on vous dit qu’on est pour le jardinage paresseux, c’est pas des blagues…
Et pour en savoir plus sur les processus complexes de décomposition de la matière organique, c’est ici !
PS : si vous tombez sur ce site par hasard et que vous avez lu jusqu’ici, sachez tout de même que Groww est une application mobile de jardinage disponible pour Iphone et Ipad ici et pour android là.
Image d’en-tête : un compost à 160 °F, ce qui fait tout de même 71°C – par Scott Nelson
Cyril
Bonjour
Je souhaite me mettre au compostage de mes déchets vert et après quelques recherches, je suis tombé sur la vidéo de Konrad Schreider (Composter c’est polluer)
Cette vidéo ma interpellé ! Et un peu refroidis!
J’ai donc une question simple : faut il mieux composter nos déchets verts et les répandre au pied des plantes ou continuer de les jeter dans la poubelle des déchets non recyclable?
Car on ne peut pas tous répandre nos déchets verts au sol et attendre leur décomposition! J’ai un petit jardin de ville !
Comme la vidéo ne répond pas à cette question j’espère que vous le pourrez !
Merci d’avance
Cyril
Benoit
Hmm, difficile de répondre – mais on peut vous dire ce que nous, on fait : on composte en surface tant que c’est possible, en choisissant justement pour avoir quelquechose d’assez équilibré, et on met au tas de compost (à froid) le reste !
Vincent LebretON
Pourquoi ne pas utiliser un vermicomposteur en intérieur ou en extérieur Cyril si vous y tenez, mais bon, en principe on épand le compost en surface en automne, il a le temps de se décomposer et de nourrir et d’éviter le sol nu pendant une période ou vous ne faites pas grand chose au jardin.
Par ailleurs,
Mathieu
Cette homme n’invente pratiquement rien! Masanobu Fukuaka a déjà tout expliqué dans son livre – La révolution d’un seul brin de paille (publié en 1975). Par contre, je trouve intéressant de voir des gens transmettre ce concept à la fois simple et innovant. J’aurais seulement aimé lire une quelconque référence à monsieur Fukuaka.
Benoit
Vous avez raison, on aurait pu citer Fukuaka, je me souviens l’avoir lu en effet ! Mais Konrad a le mérite d’expliquer très clairement le processus, et c’est ce qui nous a semblé important 🙂
François-Luc Gauthier
Bonjour,
Je pratique le compostage en surface depuis des lustres. Quand j’ai commencé, j’ignorais qui était M. Fukuaka. J’ai simplement suivi les conseils de M . Claude Aubert. Dans son livre « Le Jardin Potager Biologique » (1977), chapitre VI «La Couverture du Sol – c) La couverture par du compôt » il parle de diverses formes de paillage. C’est un paillage fertilisant.
Salut,
Eiffel.