
Le melon, les trucs pour apprendre à bien le cultiver.
Ah, cultiver le melon soi-même… Voici une forme d’accomplissement pour tout jardinier installé au nord de la Loire! Nous lui consacrons donc ce billet, afin de mieux comprendre ses besoins, et évidemment de se coucher moins bêtes.
Notre intention ici est de vous offrir une approche globale : commencer par comprendre d’où vient l’espèce sauvage, pour en déduire les besoins et les préférences de nos variétés actuelles. De là, nous vous donnerons les clés pour comprendre l’intérêt des différents gestes de cultures, ou pourquoi vous pouvez en éviter certains.
Description de l’espèce.
Le melon, Cucumis melo L. est une plante annuelle, à tiges rampantes. Ses fruits se récoltent normalement de juillet à septembre; selon les variétés ils peuvent être couverts d’une écorce grise lisse ou rainurée, mais aussi « brodés », de couleur jaune ou verte, et de forme sphérique ou ovoïde.
Ici, un melon « brodé américain », un « jaune canari », et un « Cantaloup Charentais », sont parmi les types variétaux les plus courants. Image: richard_north
Une espèce cultivée depuis fort longtemps
Le melon sauvage, Cucumis melo L. est une espèce de la famille des Cucurbitacées, originaire d’Afrique intertropicale, contrairement à ses cousines les courges, qui proviennent d’Amérique. Le fruit est depuis longtemps acclimaté en Asie et en Europe Méditerranéenne. La domestication des premiers melons est très ancienne, puisque ils étaient déjà cultivés durant l’antiquité, d’abord en Egypte, puis en Grèce et en Italie.
Ce fruit est à l’origine peu sucré, et c’est en acclimatant des variétés Asiatiques – Asie mineure et Inde – qu’ont été développées depuis la renaissance les variétés sucrées dont descendent nos melons actuels. Le melon ‘Cantaloup’ est le premier à avoir été introduit en France. La plupart des variétés anciennes françaises sont issues du groupe variétal ‘Cantaloup’. Depuis le milieu du XX° siècle la grande majorité de la production française est issue majoritairement de sélections variétales dans le groupe du melon vert aux quartiers bien marqués ‘Cantaloup Charentais’.
Vous vous demandé pourquoi on vous raconte ça ? Hé bien d’abord ça explique pourquoi vous trouverez des melons bien différents si vous allez faire votre marché en Italie où en Espagne, qui ne cultivent pas que des ‘Cantaloup Charentais’. Les autres pays utilisent notamment des variétés américaines, italiennes, turques, voire Israëliennes.
Où cultiver les melons, et avec quel équipement ?
La conséquence de ce voyage variétal, est que nous cultivons aujourd’hui des descendantes de variétés indiennes acclimatées d’abord au bassin méditerranéen. Il faut donc forcer les choses pour les faire pousser dans l’hexagone, surtout au nord de la Loire.
La culture sous châssis est toujours conseillée pour beaucoup de variétés, car ils adorent la chaleur. L’humidité sur les feuilles et l’air stagnant peuvent faciliter le développement de maladies, il faut donc aérer régulièrement, ne pas mouiller les feuilles le soir ni placer deux années de suite ses melons au même endroit.
Faut-il vraiment semer à l’intérieur ?
Les melons germent mieux entre 24 et 35°C… donc non seulement il vaut mieux les semer à l’intérieur, mais il faut les placer à un endroit très chaud de la maison. L’autre option est la « couche chaude », où vous utilisez le chaleur dégagée par la décomposition de votre compost pour réchauffer vos cultures. Dans tous les cas, ces semis se font tôt dans la saison, afin de repiquer des plants bien développés et moins sensibles aux parasites.
Ne semez surtout pas vos melons comme ça; un pied va peupler un m² facilement, donc semez en poquets de 3 graines! Image: Starr Environmental
Pourquoi faut-il tailler certaines variétés de melon?
C’est exactement le même cas que pour les tomates, nous essayons de forcer la fructification d’une plante habituée à un ensoleillement important et à un climat tropical. Sous les tropiques, les plantes disposent de 12 mois chauds, alors que dans l’hémisphère nord, nous avons à peine 4 à 6 mois favorables. Donc il s’agit de ne pas « se disperser » à faire des feuilles, et d’attaquer le plus vite possible la formation des fruits !
Les variétés modernes sont plus précoces, il n’est pas nécessaire de les contraindre. En revanche pour les variétés anciennes – plus adaptées aux climats méridionaux – il est nécessaire de forcer la nature. A vous d’expérimenter selon votre jardin et son emplacement, mais il faut parfois se limiter à 4 fruits par pied, et à une feuille par fruit.
Comment s’y retrouver parmi les variétés?
Dans le monde des melons, il y a les ‘Cantaloup’ qui ont donné beaucoup de variétés cultivées en Europe du Nord, dont est notamment issu le groupe de cultivars ‘Cantaloup Charentais’. Ensuite, on différencie les variétés anciennes – XIX° et début du XX° siècle – des variétés modernes et de leurs hybrides.
Les variétés hybrides de melon charentais récentes ont été développées pour rendre le fruit plus ferme, pour faciliter le transport et la tenue en rayon. Cela a peu d’intérêt pour vous, jardiniers amateurs, vous pouvez donc cultiver les variétés anciennes comme ‘Petit Gris de Rennes’ ou ‘Sucrin de Tours’ sans hésiter.
L’autre spécificité des hybrides est qu’ils sont plus résistants aux agresseurs, ce qui oblige à surveiller davantage les taches feutrées – le mildiou – sur les variétés anciennes. Et surtout, à ne pas mouiller les feuilles!
Détail important à vérifier avant de vous décider: certaines variétés sont monoïques – pieds à fleurs mâles et pieds à fleurs femelles – il faudra donc plusieurs pieds pour réussir la pollinisation. Facile de reconnaître le genre d’une fleur: les fleurs femelles ont un renflement sous la base des pétales.
Faites tourner les melons!
Non, ce n’est pas le nouveau jeu à la mode dans les cours d’écoles, nous parlons de rotation dans la jardin!
Il est particulièrement important de ne pas replanter de melons au même endroit pour plusieurs raisons.
Primo, les spores de champignons parasites sont plus concentrées dans le sol autour de la plante. En conséquence, installer de jeunes plants dont la paroi des tissus est encore fine dans une zone « minée » de spores est la recette pour un désastre.
Secundo, comme toute bonne Cucurbitacée le melon est une plante gourmande – notamment en potasse – donc il fatigue le sol. Il faut bien évidemment faire attention à ne pas le placer à un emplacement qui aurait été utilisé par une autre Cucurbitacée, sauf si vous y avez placé du compost avant l’hiver.
Vous l’aurez compris, on ne transige pas facilement avec les melons. L’absence de variétés à petits fruits – comme la tomate cerise pour les tomates – ne permet pas de raccourcir la durée de culture, et c’est vraiment une espèce qui ne peut se passer de chaleur et de soleil.
Comment obtenir des rappels d’arrosage, de repiquage, et les conseils pour cultiver ses melons ?
Nous développons l’application de jardinage Groww, qui se charge de vous fournir des rappels sur toutes vos plantes. Vous pouvez l’installer gratuitement en suivant ces liens vers les stores pour iOS et Android.
Merci à tomasz przechlewski pour l’image d’en-tête.
lovinair
Chapeau … « Melon » bien-sûr 😉 Je suis passé car on m’a donné des graines de melon turc, hop je sème en serre : 💖
Gab
Bonjour,
J’ai bien fait d’essayer la culture du melon cette année, c’est la seule chose qui marche vraiment bien au jardin cette année 2018, qui est si clémente et sèche depuis avril… Les carottes semées en mars ne grossissent plus et fanent si pas d’arrosage, les radis n’ont donné qu’en avril contre pas mal d’arrosage, les épinards sont grillés, les haricots auront du mal à donner car les étés sec, impossible d’en avoir un. Les courges (butternut et potimarron) ont beaucoup de mal.
Heureusement nous avons eu et aurons des fruits (surtout cerises, mirabelles, pêches, pommes…) et mes pieds de melons sont une belle surprise. J’ai mis en terre des melons Vieille France et Charentais dont la culture est réputée possible dans ma région (la Meuse) si j’observe les jardins du voisinage.
Alors j’ai planté en petit pot une dizaine de graines en avril dont la moitié ont germé puis les ai repiqué en pleine terre à la mi mai.
Parallèlement, j’ai mis mes 7 ou 8 graines restantes directement en terre dès la mi-mai (comme des courges).
Quasiment toutes les graines plantées ont levé en 5 à 7 jours (ce fut plus long en pot et à peine une sur deux ont levé) et les plants sont désormais plus vigoureux que ceux planté préalablement en petit pots. J’ai taillé une seule fois à 4 feuilles les melons charentais et j’ai laissé les vieille France. J’ai perdu 3 pieds planté en pleine terre, car mangés par les limaces alors qu’ils étaient tout petits…
Trés vite des fleurs sont apparues, d’abord mâles puis femelles au bout de petits fruits. Quelques opérations de pollinisation manuelle pour aider la nature, je me retrouve aujourd’hui sur les plants les plus précoces avec jusqu’à 6 ou 7 fruits par plant qui grossissent du matin au soir ! Et il y en a toujours qui apparaissent… C’est presque plus impressionnant et plus facile que les courges.
Pourtant j’ai une terre calcaire très caillouteuse et drainante (j’ai apporté du compost à la plantation et au pied de chaque melon ensuite), j’arrose au moins une fois tous les 2 jours, voir tous les jours. La météo est stable depuis des semaines, il fait beau et modérément chaud, sans pluies, généralement entre 25 et 30°, avec quelques pointes à 32 ou 33 ces derniers jours, et quelques nuits fraiches autour du 22 / 24 juin.
Toujours pas de pluies en vue (excepté quelques risques d’orages), mais un temps sec et assez chaud qui devrait être favorable à une bonne croissance des melons.
Je resèmerai des carottes en août en espérant avoir plus de pluies et un peu de fraicheur.