
Le mildiou – et comment s’en préserver.
Le mildiou, c’est quoi ?
Quand on se pose une question comme ça, le mieux c’est souvent de demander à Wikipedia :
Le mildiou est le nom générique d’une série de maladies cryptogamiques affectant de nombreuses espèces de plantes, mais prenant des proportions épidémiques dans certaines cultures de grande importance économique, telles que la vigne, la tomate, la pomme de terre ou les courges. Ces maladies sont provoquées par des micro-organismes oomycètes rattachés au règne des Chromista, et parfois qualifiés de « pseudo-champignons ».
Pour la petite histoire, le même mildiou qui vous cause des tracas aujourd’hui a été responsable de famines, notamment de la grande famine en Irlande au milieu du 19ème siècle, avec plus d’un million de morts. Ca permet de relativiser nos petits soucis au jardin, n’est ce pas ?
A quoi ça ressemble ?
Le mildiou se manifeste par des taches brunes ou une apparence de moisissures blanches et cotonneuses, suivies d’un flétrissement général de la feuille, d’un rameau ou de toute la plante.
Quelles sont les conditions de son développement ?
Le mildiou aime les températures douces mais pas trop chaudes, et l’humidité – il est favorisé par la succession de périodes de forte hygrométrie (supérieures à 90%) et de variations de températures comprises entre 11°C et 25°C.
Il y en a des différents ?
Oui, il y a en fait plusieurs genres de parasites, notamment :
- Plasmopara, auquel appartient le mildiou de la vigne – Plasmopara viticola – originaire d’Amérique. Sa première apparition connue en France date de 1878.
- Phytophthora, dont fait partie le mildiou de la pomme de terre (Phytophthora infestans) également originaire d’Amérique, qui fut responsable dans les années 1840 de la famine de la pomme de terre en Europe, et celui de la tomate.
- Peronospora, qui attaque diverses plantes maraîchères ainsi que le tabac, et Sclerophthora, qui s’attaque aux céréales, à la canne à sucre et à diverses autres graminées.
Pourquoi le mildiou aime la patate et les tomates ?
Parce que ces plantes sont parmi les plus cultivées au monde, pardi ! Comme on l’a dit dans Une histoire de la tomate, on produit 160 millions de tonnes de tomates dans le monde chaque année, et plus de 380 millions de tonnes de patates ! 12 tonnes chaque seconde. Pas mal non ? Du coup, beaucoup de patates et de tomates égal beaucoup de mildiou.
C’est Christophe Gatineau qui le dit le plus clairement :
Il y a une règle d’or en agriculture : plus une espèce est cultivée, plus ceux qui s’en nourrissent, se développent. C’est logique comme du bon sens paysan. Et du pur jus : qui s’attablerait autour d’une table vide ? Raison pour laquelle la monoculture concentre tous les consommateurs de cette culture.
Il y a une autre règle d’or : sans agriculture, l’humanité se réduirait à 5 à 10 millions d’individus comme il y a 12 000 ans. Ceci pour dire que la monoculture n’est qu’une réponse au nourrissage de bientôt 8 milliards de têtes. Une bonne ou mauvaise réponse, là n’est pas la question. Mais plus la monoculture s’intensifie, plus le mildiou prospère ; d’autant plus que la patate n’est pas indigène mais exotique. Inadaptée !
Oui, on peut même avoir du mildiou sur un plant de papaye, par Scott Nelson.
Peut on lutter ?
Avant, oui, un peu.
- Favorisez la circulation de l’air entre les plants – des rangs de tomates serrés laisseront se propager le mildiou à la vitesse d’un cheval au galop, ou presque ! A l’inverse, l’air qui passe entre les plants et entre les feuilles sèche le plant, ce qui ne laisse pas beaucoup de chances aux spores du mildiou.
- Pourquoi ne pas même planter vos tomates ou vos patates pas forcément en rang, pas forcément ensemble, mais disséminées dans le potager? D’accord, quand il s’agit de récolter, ça ressemble plus à une chasse au trésor, mais ça limite le développement des spores, quand ils arrivent.
- Une solution assez complexe mais apparemment efficace consiste à abriter les tomates pour limiter l’humidité sur le feuillage et la propagation des spores par la pluie.
- Supprimez les feuilles qui touchent le sol car cette zone est généralement humide, et c’est aussi par le sol que les spores arrivent.
- Evitez d’arroser le soir – pour éviter l’humidité nocturne. Préférez les arrosages le matin, en évitant le feuillage.
- Ne replantez pas au même endroit les mêmes espèces de plantes qui ont été affectées par le mildiou l’année précédente.
- Enfin, il existe des variétés moins sensibles que d’autres ! Gros défaut des variétés résistantes au mildiou : ce sont souvent des hybrides, donc des graines qu’il vous faudra racheter. On ne peut pas tout avoir ! Mais il existe aussi certaines variétés fixées, et moins sensibles.
En cout cas, si vos plants sont un peu serrés, et qu’il pleut un soir avec des températures douces, prenez garde…
Et en préventif ?
Selon certaines sources, on peut utiliser en préventif un purin composé d’une décoction d’ail – L’allicine contenue dans l’ail aurait des effets fongicides et bactéricides, sans nocivité pour l’environnement. Comment faire ? Portez à ébullition 5 litres d’eau auxquels on ajoute 15 caïeux d’ail épluchés et fendus en deux. Laissez fermenter, en plaçant le récipient ouvert et exposé au soleil pendant 4 à 5 jours – jusqu’à ce que le mélange mousse. Filtrez, et vaporisez sur les feuilles et le sol autour des plantes à protéger. Est ce que ça marche ? On veut bien des témoignages, n’hésitez pas.
En curatif il n’y a pas beaucoup de solutions.
La lutte traditionnelle contre le mildiou, c’est à base de cuivre, puisque les parasites microscopiques quei provoquent le mildiou – les oomycètes – y sont extrêmement sensibles. Ainsi la bouillie bordelaise est un fongicide fabriqué par neutralisation d’une solution de sulfate de cuivre par de la chaux éteinte.
Bien ou pas bien la bouillie bordelaise ?
La bouillie bordelaise est autorisée en agriculture biologique. Cependant, en fonction de la dose, elle affecte négativement le métabolisme de la plupart des organismes vivants – animaux, micro-organismes et plantes, terrestres et aquatiques. Son classement toxicologique est d’ailleurs très clair : nocif pour la santé, dangereux pour l’environnement. C’est clair?
Petite note culture : savez vous pourquoi on l’appelle la bouille bordelaise? Parce que le mildiou attaque aussi la vigne, est que c’est donc à Bordeaux qu’elle est née. Voilà.
Bicarbonate de soude et savon ?
Traitement naturel curatif possible, selon certains, le bicarbonate de soude. Vous trouverez là des tests comparatifs qui semblent conclure à un effet positif, de notre côté, on a pas essayé, mais on vous donne la recette :
Le mélange suivant est à vaporiser sur les plantes contaminées :
- Une cuillerée à soupe de bicarbonate de soude
- 4 litres d’eau
- 4 cl d’huile horticole ou de savon noir – deux bonnes cuillerées à soupe à peu près.
Le savon sert surtout à fixer le bicarbonate de soude sur la feuille ! Il conviendra de renouveler la pulvérisation après la pluie ou l’arrosage des feuilles. Est ce que ça marche ? Là aussi, on ne sait pas trop, n’hésitez pas à nous le dire, ici en commentaire au sur notre page facebook.
Utilisez Groww !
C’est la minute prosélytisme : si vous ne connaissez pas encore l’application Groww, essayez la, c’est gratuit, et ça vous rappelle ce que vous avez à faire au jardin. Vous y retrouverez tous les conseils au quotidien pour bien vous occuper de vos tomates, patates, ou plants d’ornement, il suffit d’indiquer ce que vous avez au jardin ou ce que vous souhaitez rajouter plus tard. Et Groww vous rappelle les trucs à faire. Zou.
Image d’en tête : mildiou sur un plant de concombre, par Scott Nelson