
Reconnaître et comprendre les carences des plantes.
Cet article vise à vous aider à vous poser les bonnes questions et prendre les bonnes décisions quand vous constatez qu’une plante est « fatiguée ». La compréhension chimique et détaillée de ce qui se passe n’est pas l’objet de cet article, c’est franchement trop compliqué – mais si ça vous dit, un lien en bas d’article vous en dira plus.
Une carence, c’est quoi ?
Une carence est liée au déficit d’un élément nécessaire à la bonne santé d’un organisme vivant. Chez les plantes elle est souvent liée à un déficit – qui peut être temporaire ou permanent – de cet élément dans le sol, ou alors à son utilisation pour former d’autres usages. C’est le cas des sols très chargés en calcaire, ce qui bloque le fer.
Trop souvent on tente de répondre aux carences par des engrais minéraux – « Ton sol a une carence en soufre mon ami ? J’ai du soufre en poudre. » Comme si on appliquait une recette de cuisine ; « Une pincée de cuivre, trois cuillères de calcaire, un doigt de potasse, mélangez le tout avec la charrue, et semez ! » C’est malheureusement un poilou plus compliqué que ça…
A noter : les carences sont aussi suivies de près par les pratiquants du jardinage en pot, où le sol ne se régénère pas tout seul.
Reconnaître les carences en fonction de l’état des feuilles.
On est sympas, on vous a fait un dessin ! Gardez à l’esprit que ces signes peuvent varier d’une plante à l’autre, mais au moins ces signes peuvent vous permettre d’exclure une parasitose.
Un petit dessin vaut mieux qu’on long discours ! Vosu pouvez cliquer sur l’image pour la voir en plus grand (voir la partager, c’est évidemment permis).
Et voilà, vous savez tout !
Mais nan, je blague, en fait c’est là que ça se complique. Pourquoi ? Parce que la question n’est pas tant de savoir ce qui manque que de savoir pourquoi ça manque… Et là les suppositions sont nombreuses.
Les 3 causes à suspecter en cas de carence avérée.
1. Ma plante est dans un sol inadapté.
C’est clairement le cas le plus grave : on plante encore trop rarement en fonction de ce qu’on peut faire pousser dans son sol, sans tenir compte des qualités du sol, en pensant que la plante va s’adapter à nos besoins…
Exemple : vous avez planté une plante de sol acide dans un sol calcaire, vous voyez des traces de chlorose apparaître à plus ou moins long terme. Si vous n’aviez pas lu cet article vous penseriez « c’est une carence en azote, hop, je balance du purin d’ortie ». En réalité il aurait mieux valu planter autre chose à cet endroit 😉
On vous explique : le sol n’est pas un rayon de supermarché où les minéraux sont stockés chacun sur leur rayonnage et où les plantes viendraient faire leurs courses. Dans le sol, les éléments s’associent et se séparent par réaction chimiques, donc chaque apport extérieur peut bouleverser l’ensemble des équilibres.
Le cas le plus commun est celui du calcaire : son excès à l’état de soluté va bloquer les ions ferreux. Dans un sol argileux, riche en humus, et en bonne santé, ça ne pose pas de problème car les ions calcaires se fixent au complexe formé par l’argile et l’humus et laissent le fer tranquille. Quand l’humus vient à manquer parce qu’on a privé le sol de ses apports naturels en déchets végétaux, le complexe argilo-humique disparaît, le calcaire se retrouve libéré et les chloroses commencent. C’est un déficit en fer ? Non, c’est un déficit en humus qui provoque un déficit en fer 😉
Donc, si vous êtes dans ce cas, soit vous avez un meilleur emplacement et vous déplacez, soit vous n’en avez pas et vous offrez la plante a quelqu’un qui en bénéficie 😉
2. C’est une carence qui arrive progressivement parce que mon sol « fatigue ».
Parfois le sol n’arrive pas à libérer les nutriments au rythme où la plante les consomme. Certaines plantes sont super gourmandes, mais parfois le sol peut être abîmé et les éléments mal distribués, ou encore le sol arrive au bout de ses réserves parce qu’il n’est plus nourri depuis longtemps.
En principe, si on veut cultiver des années la même chose au même endroit, tout ce qui en est exporté doit être restitué.
Deux philosophies existent :
- soit on redonne des éléments minéraux provenant de la filière chimique, dosés précisément en fonction de la culture – c’est le cas des engrais pour plantes d’intérieur, engrais rosiers, engrais, orchidées, etc.
- soit on l’alimente régulièrement en matières organiques, qui apportent les même éléments mais de manière moins précise. Dans la nature ça marche comme ça, et si les apports font changer la nature du sol ça ne pose pas de problème, c’est simplement de nouvelles plantes qui viendront absorber les excédents. Au jardin, c’est plus embêtant parce qu’on veut continuer à faire pousser des courgettes, et pas être forcés de les remplacer par du rutabaga.
Même si vos plantes annuelles sont en bonne santé, il faut respecter les rotations de culture et nourrir le sol régulièrement. Une fois la carence détectée, c’est généralement trop tard. Merci à keifer.miller pour l’image !
3. La réponse 3.
En fait il n’y a que deux causes à suspecter !
Les remèdes à court terme.
Pour un effet rapide, utilisez du purin de compost, il est sensé contenir tout ce qu’il faut – sauf si vous ne compostez qu’une variété très réduite de déchets organiques ! Allez-y doucement, diluez à 1/20° et n’arrosez jamais sur sol sec, vous risquez de tout brûler.
Ensuite, y a les remèdes de grand mère :
- Les peaux de bananes pour le potassium.
- Le marc de café pour l’azote et le phosphate.
- L’ardoise pour le sulfate d’aluminium.
- Pour les carences en fer, mieux vaut déplacer sa plante dans un endroit moins calcaire.
- Mais surtout, le purin d’ortie pour l’azote et le potassium.
- Et encore mieux (selon nous), l’urine humaine ! Pour en savoir plus, cet article : le pipi dans l’arrosoir, qui est plein de bonnes choses !
En résumé.
Si une plante a une carence, soit elle est dans un sol inadapté, soit le sol était adapté au départ et commence à « s’appauvrir ». A vrai dire la première chose à faire lorsqu’on remarque une carence, c’est déjà d’aller vérifier – par exemple dans la fiche de Groww – si on a bien planté dans le bon type de sol. Ensuite, modifier un sol par des amendements – apports de soufre, de fer, de calcaire – est peu efficace : ce genre de processus est très long si on veut le faire correctement – la faune du sol met longtemps à s’adapter – et n’est envisageable que pour les professionnels. Mieux vaut travailler avec ce dont on dispose et en prendre soin !
Bonne rotation de culture !
Pour aller plus loin, et si vous voulez une petite idée de ce qui se passe chimiquement dans le sol, vous pouvez jeter un oeil à ce pdf de Jean Yves Massenet.
Mais alors Groww, c’est quoi?
Si vous tombez sur ce site par hasard et que vous avez lu jusqu’ici, sachez tout de même que Groww est une application mobile de jardinage qui reconnait aussi les plantes, disponible pour Iphone et Ipad ici et pour android là.
Merci à Scot Nelson pour l’image d’en-tête qui montre un fraisier victime d’une carence en fer !
lovinair
Extra le pdf de Jean Yves Massenet, merci 🙂 Allez, je vais remuer mon purin d’ortie qui arrive à maturité, ça va piquer et gratter ce week-end c’est moi qui vous le dit les « Groww » 😉 P.S.: Pour biner avec ardeur, écoute la playlist de Desert-Blues du jour http://bit.ly/2sxYhX5 😉