
Comment améliorer ses chances de réussir ses semis.
Les graines de chaque espèce ont des exigences différentes, et pour nous pauvres jardiniers, il est toujours perturbant de réussir certains semis facilement, et d’échouer pour d’autres sans raison « évidente ».
Dans la nature, chaque plante a un rôle propre dans son écosystème, un rythme spécifique, et une stratégie de reproduction et de multiplication unique. Donc les graines des différentes espèces ne mesurent « volontairement » pas les même choses pour se « décider » à germer. Chacune a sa logique, afin de s’assurer d’amorcer son développement au moment le plus propice.
On appelle la phase durant laquelle les graines attendent que les bonnes conditions soient réunies « phase de dormance ».
Qu’est-ce qui provoque la levée de dormance et déclenche la germination ?
1. Les graines vérifient à quelle profondeur elles sont enfouies !
Même sans feuilles, les graines mesurent la lumière.
C’est assez surprenant, mais les graines possèdent à la surface de leur enveloppe un pigment qui mesure la lumière. Cela leur permet essentiellement de savoir si elles sont à la bonne profondeur. Ensuite, en fonction du type de graine elles emploient cette « information » de manière variée. Les grosses graines – qui doivent être profondément enterrées – ne germent donc qu’en cas de manque de lumière, alors que beaucoup de petites graines ne germent que si elles sont exposées à la lumière en surface. Evidemment, certaines plantes – comme les haricots – y sont totalement indifférents. La nature aime les différences…
Cette photosensibilité explique notamment pourquoi des graines germent juste après avoir été remontées en surface par un labour du sol, alors qu’elles ont passé des années en profondeur.
Vous savez maintenant pourquoi il faut bien vérifier à quelle profondeur chaque graine doit-être semée. Enfin… on peut souvent le déduire de la dimension de la graine 😉
2. La dégradation par les éléments de l’enveloppe – le tégument – de la graine lui sert de « chronomètre ».
L’enveloppe de la graine doit avoir été dégradée pour pouvoir laisser entrer l’humidité et permettre la germination. Donc, la constitution de cette enveloppe et la façon dont elle se dégrade permet de vérifier que certaines étapes clés ont été validées.
C’est pas encore clair, alors je vous donne un exemple. Si vous mettez un noyau de prune dans l’eau et que vous attendez une semaine… il ne se passe absolument rien, et c’est normal ! Car ce noyau doit valider l’étape « hiver » avant de pouvoir germer. Pour dégrader l’enveloppe extérieur, il faut l’action du froid, de la chaleur et l’action de micro-organismes du sol pendant un certain temps.
Pourquoi donc ma prune fait-elle ça, vous demandez-vous ? Hé bien parce que sinon elle germerait tout de suite en touchant le sol, elle se retrouverait au milieu d’une végétation estivale bien développée, et en plus elle n’aurait pas le temps de se préparer pour l’hiver.
Merci à stanzebla pour cette jolie photo de graine de glycine. On imagine bien qu’une telle enveloppe va mettre un peu de temps à être usée par les éléments.
Quand l’enveloppe est suffisamment dégradée, l’humidité pénètre dans la graine, la graine gonfle et la germination commence très vite.
Merci à .::RMT::. pour cette image de graines germées. Hé oui, certaines graines n’ont pas de dormance et germent très facilement.
3. Les conditions chimiques, climatiques, mais aussi les autres plantes et les micro-organismes influent sur la germination.
La production hormonale – et l’équilibre entre inhibiteurs et stimulateurs – de la graine varie en fonction de la lumière, de la chaleur, et de l’humidité. Ces hormones provoquent la germination une fois qu’elles ont atteint un certain taux.
Le maintient de dormance ou sa levée sont aussi le résultat de processus chimiques – certaines graines vérifient la composition du sol – humidité, acidité, fertilité – et parfois même la présence d’adultes de la même espèce.
Petite anecdote à ce sujet : la décomposition du feuillage caduque de certains arbres – comme le chêne – libère dans le sol des inhibiteurs de germination !
Les « trucs » à retenir :
- La graine est un organisme vivant en dormance, qui attend le bon moment pour libérer son potentiel génétique.
- Même si on applique toujours la même méthode quand on sème – comme pour une recette de cuisine – les résultats restent variables. Les graines mesurent davantage de facteurs que nous.
- Toutes les graines ne sont pas fertiles – certaines n’ont jamais été fécondées, d’autres ont été abîmées, donc ne vous attendez jamais à une réussite de 100%.
- Mieux vaut éviter de semer la même espèce au même endroit plusieurs fois de suite, car en plus d’avoir épuisé les ressources, certaines ont des inhibiteurs de germination destinées à leurs propres graines. En gros ça dit au petiot : « Attends qu’on soit partis avant de venir pousser là ! »
- « Stratifiez » vos graines et faites-les tremper : de manière générale, les techniques de « stratification », qui visent à user par l’action du froid ou mécaniquement l’enveloppe de la graine accélèrent considérablement la vitesse de levée des plants. L’enveloppe doit laisser passer un peu d’humidité pour que la graine gonfle et finisse de la déchirer.
- Seule compte la chaleur moyenne du sol, pour vos graines. Plus la chaleur moyenne est élevée, plus la levée est rapide. Ne semez donc pas trop tôt. La chaleur atmosphérique ne vous sert donc à rien pour savoir si c’est le moment de semer. D’où les soucis de semis sous un paillage qui garde la terre froide au printemps.
- Oui, parfois votre terre ne convient pas pour votre semis. Si la composition du sol ne lui convient pas, la graine reste en dormance. Pour preuve, cet extrait de l’ouvrage de Gérard Ducerf au sujet des plantes bio-indicatrices. Malheureusement, la composition chimique du sol nécessaire pour semer une variété est rarement précisée sur le paquet… Il faut donc essayer avec différents mélanges.
- Regardez bien la taille de votre graine avant de décider de combien vous la recouvrez – c’est généralement équivalent à 1 eou 2 fois la taille de la graine.
- Au moment de la germination, les graines respirent vraiment pendant plusieurs heures, donc il faut toujours un mélange pas trop compact. C’est pour ça qu’on ajoute systématiquement du sable à la terre.
- Maintenant que vous savez tout ça, soyez fier à chaque semis réussis ! Parce que vous ne soupçonniez surement pas qu’il y avait tant de conditions à remplir.
- Attendez d’avoir au moins deux vraies feuilles pour manipuler les jeunes plants.
- La photosynthèse ne débute pas tout de suite, donc les plantules n’ont pas immédiatement besoin de lumière, elles vivent sur leurs réserves. En revanche si l’absence de lumière se prolonge, certains semis « filent ».
Quelques idées reçues :
- « Semer dans un milieu fermé – type mini-serre – limite le risque de « choquer » ses semis avec des écarts de température ». Ouais, sauf que les champignons et les bactéries parasites adorent eux aussi ce genre de milieu, alors d’accord on a un beau semis… qui fond deux semaines plus tard.
- « La graine mesure la lumière, donc elle germe quand la luminosité lui convient ». C’est vrai sous les tropiques, mais en milieu tempéré la graine utilise la lumière pour vérifier qu’elle est à la bonne profondeur, pas pour mesurer l’intensité lumineuse. Tant que la chaleur lui convient, elle peut tout à fait germer avec une lumière moyenne insuffisante.
- « Il faut travailler la terre en profondeur avant de semer. » A priori, tant que la graine est bien au contact d’un sol qui lui convient et qu’elle est recouverte comme il faut, que la terre soit dure 20 cm en dessous lui est parfaitement égal.
N.B. Une terre « dure » pour nous avec nos gros outils ne représente aucune difficulté pour une racine couverte d’enzymes spécialisées dans la décompaction du sol. Tant qu’il y a de l’eau, elle passera.
Pour aller plus loin…
Si vous êtes chauds/chaudes pour un petit article wikipedia qui parle aussi des moyens de levée de dormance plus « exotiques », allez voir cet article.
Si vous êtes très très très chauds pour un article vraiment précis sur la stratification des graines, c’est par là.
Et Groww au fait, c’est quoi ?
Nous avons créé Groww, application mobile de jardinage disponible pour Iphone et Ipad ici et pour android là. Groww vous accompagne dans les tâches au jardin, du semis à la récolte, en passant par les alertes d’arrosage !
Merci à Kevin Doncaster pour l’image d’en tête.
la potagiste
Mais c’est fort intéressant !!! Merci je vous suis maintenant ça se lit facile je comprends tout et ça me rassure
Maryne69
Merci pour tous ces conseils !!!! Par contre lorsque la graine a germé et que les plantules pointent le bout de leur nez ont elles tjs autant besoin d humidité ? J ai une mini serre et je me demande si l entretien et les conditions propices a la germination sont les memes une fois que celle ci est la….. merci d avance !
Thibaut Martini
Bonjour
Au fur et à mesure que vos plants grandissent, leur autonomie augmente, donc vous pourrez espacer les arrosages 😉 En tout cas c’est ce que je conseille dans l’application.
Bonnes cultures !
Maryne69
Mille mercis !!!