
Planifier sa saison au potager et sa rotation des cultures.
Pourquoi planifier son potager et organiser la rotation des cultures ?
Les différentes espèces de plantes puisent les nutriments du sol dans des proportions variées. Quand certaines restituent une partie de l’azote, d’autre l’épuisent en potasse, ou épargnent totalement la réserve du sol en aluminium. Il en résulte que se faire succéder certaines cultures est totalement improductif, alors que d’autres sont complémentaires.
C’est une composante importante de la science agricole et maraîchère. Elle a provoqué en autres techniques la mise au point dès le Moyen Age de l' »assolement triennale », une rotation des différentes cultures et des prés sur un cycle de trois ans.
L’apparition des fumures et engrais organiques, puis des engrais chimiques sont aussi un essai de réponse à cette « fatigue du sol ».
Mais à quel point faut-il s’en préoccuper au jardin potager?
Les méthodes des « pros » de la production ont progressivement déteint sur les particuliers, et certains jardiniers se sont mis à organiser leurs potagers avec des impératifs productivistes.
Alors on plante et on sème en lignes ou en vastes surfaces, afin de rationaliser les circulations et de mécaniser désherbages, arrosages, et autres opérations jardinières répétitives. Et il faut bien sûr faire tourner ses zones de cultures pour épuiser uniformément son sol 😉
La méthode du « zoning » – la recherche de la rotation parfaite.
Chacun dans son coin
Traditionnellement, les potagers sont organisés en zones : les plantes vivace condimentaires comme le thym et la menthe dans un coin ou sur une ligne qui ne bouge pas, les gourmandes adeptes de soleil dans un autre, les pommes de terre et les autres plantes qui ont besoin d’être buttées ensembles, les fraisiers dans leur coin à eux, etc.
Cette façon de penser son jardin présente l’avantage de pouvoir poser sur un plan des zones fixes, et de faire tourner ses groupes de plantes d’une zone à l’autre à chaque saison. On met les pommes de terres où étaient les courges, les courges à la place du carré de tomates, les tomates à la place des haricots, les haricots à la place des choux… Et puis on glisse par exemple des oeillets, des oignons et autres aux frontières pour provoquer des associations bénéfiques.
Après une si belle monoculture de Cucurbitacées, mieux vaut planter autre chose l’année prochaine ou avoir énormément de compost en stock. Image: Karen Roe.
C’est beau, c’est « propre ». Pour planifier tout ça, il faut faire un plan de son potager, distinguer dessus les zones ensoleillées de celles à l’ombre, puis noter en début de printemps sur une feuille de calque ce qu’on a planté, et où.
Ensuite il convient de dessiner un nouveau calque chaque saison, et de les empiler au fur et à mesure pour voir si on n’a pas tout le temps les même plantes aux même endroits. Il faut particulièrement faire attention aux plantes des familles des Brassicacées – les choux – des Solanacées et des Cucurbitacées. Ce sont de grandes gourmandes.
Faire ça avec un programme de dessin par ordinateur fonctionne très bien également.
Les principaux inconvénients sont que ça prend beaucoup de temps, qu’il faut être organisé, et se renseigner de manière intensive sur les rythmes de rotation espèce par espèce.
L’autre problème est que toute cette planification et cette organisation de l’espace sont en désaccord avec les méthodes de jardinage naturel. Dès qu’on cesse d’employer un motoculteur, la plantation en grandes zones perd tout son sens.
Planter par petites taches et profiter du hasard.
Si vous observez la distribution naturelle des plantes – par exemple dans un sous-bois ou une prairie – vous constaterez qu’elles sont soit réparties en taches, soit elles sont « parsemées« , dispersées apparemment au hasard.
Les espèces organisées en taches sont souvent des vivaces qui peuvent consacrer plusieurs années à se multiplier de proche en proche. La disposition parsemée est plus courante pour les annuelles, parce qu’elles se resèment chaque année. Les plantes bulbeuses sont une sorte d’intermédiaire, dispersées et mélangés avec les autres espèces.
Quelles leçons tirer de cette observation ? Tout d’abord que les zones où on rencontre une seule espèce d’annuelle ou de bulbeuse sont rares. On peut donc en déduire qu’elle sont adaptées pour côtoyer d’autres espèces.
L’autre leçon est que si on tente de planter ses vivaces en espérant qu’elles ne s’étendent pas en taches on s’expose à des déconvenues.
Alors, pourquoi ne pas organiser son potager avec des taches de vivaces fixes entre lesquelles intercaler bulbes et annuelles?
Former une « structure » de plantes vivaces.
Commencez par placer sur un plan vos circulation. Celles-ci n’ont pas besoin d’avoir une forme de spaghetti pour respecter la nature ou le milieu, ce qui importe à vos plantes est la qualité du sol et l’espace dont elles disposent 😉
Ensuite, placez des groupes de vivaces – comme les framboisiers et les fraisiers – en taches, en les associant selon leur hauteur et leur vigueur. Vos fraisiers ne seront pas heureux accolés à des framboisiers qui s’élargissent vite et qui les dépassent d’un bon mètre. En revanche ils peuvent se glisser au sein des aromatiques basses, ou devant quelques groseilliers.
Le bon dimensionnement des intervalles entre les plantes vivaces est important; il doit être suffisamment grand pour que la lumière éclaire correctement ce que vous y planterez. Gardez des vides de tailles variées pour davantage de flexibilité.
Il suffit de se ménager de petites zones entre les vivaces où intercaler des cultures au cycle court, comme ici les espaces entre les artichaut et le rosier pourraient accueillir radis, laitues ou arroche. Merci à ctalley94 pour la photo.
Vous pouvez même planter les bulbes ou les annuelles potagères au sein des groupes de vivaces s’il reste des vides.
Éparpiller et faire tourner
La rotation organisée des cultures est un casse tête. Quand on ne veut/peut pas tout maîtriser, il est toujours possible de se référer aux probabilités. Et elles nous disent que si on plante en grandes surfaces de la même espèce, la probabilité pour qu’on replante la même espèce sur la même surface est forte.
Pourquoi ? Simplement parce que d’expérience, le jardinier a souvent seulement 2 ou 3 emplacements qui peuvent accueillir ses 40 plants de pommes de terre regroupés. Donc il est forcé de replanter au même endroit tous les trois ans.
Par contre pour le jardinier qui divise ses cultures, la probabilité pour que tous les plants d’une espèce tombent tous dans un emplacement occupé l’année précédente par la même espèce devient négligeable. C’est le « lissage du risque » par les tirages multiples; en probabilité il est très rare d’échouer 40 fois d’affilée si on se fie uniquement au hasard.
« On peut tromper une fois mille personnes, mais on ne peut pas tromper mille fois une personne 😉 »
Ndlr : ici l’auteur de cet article a eu droit à un regard de travers de la part du relecteur, qui présente toutes ses excuses aux malheureux qui n’ont jamais vu « Le film de Les Nuls ».
En outre le nombre d’emplacements où glisser un plant de patates – et pas un groupe de quarante – est bien plus grand.
Vos esprits affûtés ont bien compris que dans ces conditions, on replante forcément quelques pieds au mauvais endroit. Mais n’est-ce pas tolérable ? 🙂
En conclusion, oui il faut faire tourner ses cultures, mais on peut se passer d’une planification complexe en étant méthodique : planter de petits groupes de la même espèces, et intercaler vivaces et annuelles suffisent généralement. Et penser à ajouter un couvert végétal à l’automne sur les zones à nu, bien sûr.
Et Groww dans tout ça ?
Pour vous aider à savoir qui il vaut mieux mettre à côté de qui, nous travaillons actuellement sur la fonctionnalité « associations de plantes ». Vous pouvez installer dès maintenant l’application pour iOS ou android et vous créer un compte, nous vous tiendrons au courant.
N.B : cet article fait suite à « organiser son potager » qui explique comment disposer ses zones de culture et ses circulations.
Merci à mersy pour l’image d’en tête.