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Pommier en forme libre

La taille douce des fruitiers.

By Thibaut Martini on 9 février 2018

La « taille douce » des fruitiers par contraste avec la « taille sévère » vise à respecter le développement naturel de chaque arbre. Thibaut vous raconte quels principes il suit pour tailler en s’adaptant à ce qu’il a en face de lui.

N.B : Cet article fait suite à un article plus généraliste sur la taille des fruitiers que vous trouverez ici.

La taille douce, c’est d’abord observer.

Face à un arbre, j’observe : d’où vient la lumière ? Quelles branches sont faibles car étouffées par les autres ? Quelles branches semblent plus vigoureuses malgré le manque de lumière ?
Ce qui m’indique la vigueur de chaque branche : la densité de feuillage, et la longueur du rameau le plus récent – distance entre l’extrémité et le plus proche embranchement. S’il fait moins de 3 cm, la branche ne s’allonge pas beaucoup, elle va surtout faire des fruits. S’il est plus long – jusqu’à 50 cm parfois, je considère que c’est une branche vigoureuse qui privilégie l’allongement.

Vieux pommier

Conclusion après observation de ce vieux pommier. Il n’y a rien à faire ! Il est peut être fatigué car ses rameaux s’allongent peu, mais chaque branche est bien éclairée. Source photographique : Peter Fristedt.

La taille douce, c’est ensuite comprendre l’arbre qui est devant moi.

Une fois que j’ai bien observé, je suis capable dire quelles branches sont :

  • mortes et pourquoi.
  • mal éclairées, et n’ont donc pas d’avenir.
  • trop vigoureuses et prennent toute l’énergie pour ne produire que du bois et des feuilles – le cas typique est le drageon qui part sous le point de greffe.

Je peux aussi déterminer comment va s’allonger chaque rameau au prochain printemps : rien de magique la dedans, il suffit de regarder la direction des trois plus hauts bourgeons de chaque branche. C’est eux qui s’allongeront le plus, provoquant l’inhibition de ceux qui sont situés plus bas.

Observons l'organisation des bourgeons. Les perpendiculaires tout ronds feront fleurs puis fruits. Ceux proches de l'axe de la branche et allongés, feront seulement des feuilles et des rameaux. Ceux perpendiculaires et tout pointus... ne se sont pas encore décidés ;-) Source photographique : James Lee.

Observons l’organisation des bourgeons. Les perpendiculaires tout ronds feront fleurs puis fruits. Ceux proches de l’axe de la branche et allongés, feront seulement des feuilles et des rameaux. Ceux perpendiculaires et tout pointus… ne se sont pas encore décidés 😉
Source photographique : James Lee.

Je taille d’abord pour aider l’arbre.

Après l’observation de l’arbre, je sais s’il a besoin d’aide.

L’objectif de la taille douce, est de lui faire économiser ses forces. Je sais quelles sont les branches qui vont mourir par manque de lumière, donc je les enlève. Ca évite de les alimenter en nutriments, et procure davantage de lumière aux voisines. Ensuite, en regardant les bourgeons les plus hauts sur chaque branche et leur axe, je choisis lequel je garde en dernier en fonction de son orientation. Je ne garde jamais de bourgeon orienté vers l’intérieur de l’arbre ou vers une autre branche.

Ensuite je peux inciter à faire des fruits.

Ce qui suit ne concerne que les arbres à pépins. Les arbres à noyaux fructifient bien tout seuls.

Si une branche est faible, je lui garde peu de bourgeons, sinon elle ne pourra pas tous les nourrir. A l’inverse sur une branche vigoureuse je laisse plus de bourgeons. C’est bizarre, pensez-vous… Il y a en fait une certaine logique :

Bourgeon à fruit ou à bois ?

Les bourgeons qui reçoivent beaucoup de lumière et qui ne sont pas inhibés par des bourgeons plus hauts sont l’avenir de la plante. L’arbre doit occuper cet espace lumineux en hauteur avant qu’une autre plante ne vienne le lui piquer ! Il ne perd donc pas de temps et pousse le plus vite possible sans gaspiller d’énergie pour les fruits. Les bourgeons du haut deviennent des bourgeons à bois.
A l’inverse, si une branche est moins bien placée, mal éclairée, l’arbre « comprend » qu’il est mal embarqué dans cette zone. Il préfère former d’avantage de fruits et donc potentiellement installer un descendant plus loin, plutôt que de s’allonger pour occuper un volume déjà concurrencé. Les bourgeons deviennent donc des bourgeons à fruits.

Branche pommier

La première pomme est seulement au dixième bourgeon de cette branche supérieure ! Source photographique : Matt Jiggins

Quel rapport avec la longueur à laquelle je taille mes branches ?

Sur une longue branche vigoureuse, puisqu’elle reçoit beaucoup de lumière et d’énergie, les bourgeons du bas doivent être inhibés fortement pour se transformer en bourgeons à fruits. Pour les inhiber, il faut donc garder beaucoup de bourgeons au dessus d’eux, et tailler long.

Sur une branche basse moins vigoureuse, pas besoin de garder des bourgeons au dessus, elle est déjà assez inhibée. Elle fera obligatoirement des bourgeons de fruits. Le risque est plutôt qu’elle en fasse trop, et n’ai pas l’énergie pour les nourrir. Alors je taille court !

On ne fait plus de taille trigemme, alors ?

La taille trigemme, c’est la traditionnelle taille « à trois yeux », tout le contraire de la taille douce. C’est un principe rigide, qui plaque sur chaque arbre la même taille selon un principe subtile. En fin d’hiver, tu ne garde que trois bourgeons sur les branches terminales des fruitiers à pépins. Et hop.
On l’utilise aussi pour tailler les rosiers arbustifs, cousins des pommiers et poiriers.
Vous pouvez tout de suite l’oublier, c’est contraignant et pas particulièrement productif. Le but de ce genre de taille est de faire quelques gros fruits très impressionnants.

Et la taille Lorette, c’est de la taille douce ?

Certains pensent que la taille Lorette est une taille douce. Parce qu’une partie des interventions se fait juste sur les bourgeons, en été.

Seulement, la saison de taille commence en avril par le raccourcissement de toutes les tiges de 20 cm sur une plante préalablement forcée à former une pyramide ou une palmette. C’est un poilou compliqué : une illustration, juste pour la rigolade – et pour les fanas de géométrie jardinière :

Réservée aux fruitiers forcés en pyramides, en palmettes et en cordons, la taille lorette est un poil compliquée. Source photographique : Source photographique : http://jardindhistoire.blogspot.fr/
Pour la taille qui respecte l’architecture de la plante, on repassera.

En conclusion : l’intérêt de l’arbre est aussi mon intérêt.

Un arbre que je ménage, que je ne force pas à fructifier beaucoup en lui donnant une forme arbitraire me le rendra. Il accueillera moins de parasites du bois, gardera sa vigueur plus longtemps, et adaptera sa forme selon son emplacement et sa variété. Petit plus pour le jardinier paresseux, il demande aussi moins de travail !

Pourquoi on dit que la sève monte.

Pour les arbres, on utilise souvent comme métaphore que la sève « monte », et privilégie l’allongement des bourgeons les plus élevés. Comme si la sève était gonflée à l’hélium et se stockait en hauteur 😉
C’est partiellement inexact :

  • une part du phénomène est due aux hormones de croissance. Une hormone notamment, l’auxine est produite par chaque bourgeon et est libérée dans la sève évoluée – celle qui redescend vers les racines.
    Donc, plus un bourgeon est bas, plus il reçoit d’auxine de la part des bourgeons situés plus hauts. Cette hormone étant inhibitrice de la croissance, les bourgeons bas qui reçoivent beaucoup d’auxine sont plus inhibés, ils s’allongent moins vite. Ils ont davantage de chances de former une fleur puis un fruit.
  • l’autre part est liée à la lumière : l’évaporation sur les feuilles provoque une « ‘aspiration » et la montée de la sève brute. Ainsi les feuilles qui reçoivent plus de lumière reçoivent plus de sève brute, et ont plus de nutriments pour se développer. Mais c’est l’influence de l’auxine et d’autres hormones qui décide si cette énergie est utilisée pour former des fleurs ou du bois.

Pour les curieux et les amateurs de biologie.

N.B : Cet article fait suite à cet article plus généraliste sur la taille des fruitiers.

Si vous êtes arrivés là par hasard, sachez que cet article vous est proposé par Groww. Nous développons une application d’aide au jardinage – qui vous aide même à cultiver vos pelargoniums – disponible depuis les liens sur cette page.

Posted in Savoir-faire and tagged 03 - Mars.
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