
Cohabiter avec les taupes au jardin
Un article au taupe-niveau, comme d’habitude !
La taupe, cette mignonne petite boule de poils, myope, avec ses petites griffes roses <3! Un modèle de bestiole adorable, d’ailleurs, ne dit-on pas « taupe modèle »? Bon, vous n’êtes pas arrivés ici pour qu’on vous dise qu’on la trouve jolie, si ?
Mais que lui reproche-t-on, en fait, à cette bébette ?
Principalement deux choses :
Les taupes ont détruit mes semis !
C’est un peu faux : la taupe se nourrit d’insectes, de vers, de limaces, et éventuellement de tubercules, en période de disette. Le fait est que si elle bouscule les jeunes pousses, elle risque de les abîmer. Mais il y a des moyens de protéger vos plantules, en éloignant les taupes au moins provisoirement (ou en les attirant ailleurs, ce qui revient au même mais c’est plus positif…)
Elles font des trous dans ma belle pelouse !
C’est vrai – la taupe creuse des galeries, et sort de la terre à intervalles réguliers. Vous pouvez d’ailleurs dessiner son parcours, en reliant sur un dessin les mottes de terre ! Bien sûr, c’est disgracieux, surtout pour celui qui souhaite un gazon immaculé. Que faire ? On serait tentés de vous dire : un simple coup de râteau pour aplatir la motte, ou récupérer la terre : elle est superbe pour les plantes en pots ou pour les semis – et d’arrêter cet article, mais comme on sent bien que vous avez envie d’en savoir plus, on va aller plus loin ensemble.
A ne pas confondre : taupe et campagnol.
Vous avez des trous dans votre jardin, vous pensez à la taupe. Ce n’est peut-être pas elle la coupable – le campagnol fait un peu les mêmes !
Il ne faut pas confondre la taupe et le campagnol. Celui-ci est végétarien, à l’inverse de la taupe, qui se nourrit de vers comme on vient de le voir. Pour le coup, le campagnol cause plus de dégâts au potager et verger en se nourrissant des racines, des bulbes et des tubercules. La taupe ne s’attaquera aux tubercules que si elle n’a rien de plus vif à se mettre sous la dent !
Comment différencier leurs trous ?
C’est facile : la galerie du campagnol débouche en biais à l’air libre alors que celle de la taupe débouche verticalement. Enfoncer légèrement un bâton lève donc aussitôt le doute !
Trop c’est trop
C’est vrai que lorsque sa pelouse ressemble à ça :
(Merci pour la photo Stephan Caspar – et désolés pour ton gazon, vieux !)
Le jardinier est un peu découragé ! La taupe fait souvent ce genre de dégâts dans les nouveaux lotissements, où la terre a été compactée pendant des mois par les engins, et où le premier geste du jardinier – qui a souvent d’autres choses à faire ! – a été de clôturer son terrain et d’y faire pousser un beau gazon vert, pour passer aux peintures dans le salon ou à l’installation du barbecue. De mémoire de jardinier, on a ainsi vu des étendues gazonnées de 2 500 M2, avec un monticule tous les 3 mètres ! Mais ces jardins présentent souvent de nombreux points communs : plutôt orienté « mono-culture » – beaucoup de gazon, peu d’arbres et de cultures variées – terre argileuse et compacte, utilisation de pesticides et d’herbicides, uniformité du terrain… Serait-ce un peu votre cas?
A savoir : l’étendue des galeries de la taupe dépend directement de la richesse en insectes du sol – et donc de la qualité de la vie en dessous. Evidemment, si elle est vite repue, elle ne creuse plus et va se recoucher, peinarde!
Alors, si votre sol est couvert de monticules, c’est peut-être qu’il manque un peu de vie, tout simplement – et qu’en favorisant la biodiversité, vous réduirez l’impact des taupes. Vous commencez à voir où on veut en venir? Oui, à ce que vous puissiez apprendre à partager votre jardin en bonne entente avec les taupes, plutôt que de les raser de la carte !
Taupe et vie du jardin
Les taupes ont leur utilité !
Le travail des taupes contribue à la qualité du sol : les galeries drainent le terrain, tandis que les taupinières permettent de le fertiliser en faisant remonter à la surface la terre des couches plus profondes. Les taupes laissent aussi des déjections riches en sucres et en protéines de ces repas d’insectes, de larves, de vers et des carapaces. C’est l’un des rares prédateurs de certains vers et larves : vers blancs de hanneton, vers taupins, courtilière, limaces, etc…
Tous ces éléments contribuent à nourrir les racines d’arbres et de plantes et le mycélium des champignons mycorhiziens, tout comme les bactéries du sol.
Les taupes jouent en effet un rôle essentiel dans la dissémination des spores et du mycélium des champignons : en forêt, le mycélium se propage grâce à elles (et aux limaces !). Le mycélium emprunte les galeries, où il se nourrit des déjections des taupes. Il loge dans les nids ou les taupinières pour se développer, et fructifie en surface.
Les solutions naturelles
Les Taupes, leur mottes et leur galeries offrent d’ailleurs un réseau idéal pour planter un arbre : planter un arbre dans les taupinières favorise la mycorhization ! Dans une pelouse infestée, nous ne saurions donc mieux vous conseiller que d’y planter beaucoup d’arbres – des fruitiers par exemple ! Un à chaque motte, des espèces différentes allez hop !
Bon d’accord : ne nous voilons pas la face, vous avez des taupes, trop, et vous êtes venus chercher une solution, ce ne serait pas juste de vous renvoyer avec pour seul conseil de les laisser vivre en plantant des dizaines de fruitiers et d’attendre la pousse… Dans certains cas, le déséquilibre est flagrant – trop de taupes ! – et il faut bien corriger un peu les choses, avant de laisser un équilibre naturel s’installer.
Pour limiter la population des taupes ou les conserver en dehors du potager, il existe quand même quelques solutions.
- Pour protéger vos semis ou votre potager de manière assez temporaire et localisée, vous pouvez préparer un purin de sureau : 1 kg de feuilles fraiches de sureau hachées dans 10 litres d’eau – de pluie idéalement – mis à l’ombre à une température de 15 à 23°C, en n’oubliant pas de mélanger chaque jour. Au bout de 6 à 8 jours, le purin est prêt à être filtré puis utilisé en dilution à 20%, à l’entrée des galeries que vous souhaitez faire évacuer !
- Un chat, ça marche pas trop mal, testé et approuvé ! Mais il en faut un efficace, et certains matous sont fainéants… Si le vôtre ne se résout pas à bouter les taupes hors de votre terrain (ou au moins à les faire fuir un peu), il vous reste la possibilité d’utiliser sa litière usagée, que vous placerez dans les tunnels ou sur les taupinières. On fait ce qu’on peut quand on a un chat paresseux !
- Dans le même ordre d’idée, certains récupèrent les poils de chiens pour les déposer dans les taupinières. On a pas de chien, on a pas testé, si vous avez essayé, n’hésitez pas à nous le dire !
- Si vraiment vous avez beaucoup de taupes et que cela devient un problème, la seule solution vraiment efficace est le piégeage. Ce n’est pas à la portée du premier venu, il faut choisir le bon modèle de piège et connaître les mœurs de l’animal… On peut s’adresser a un piégeur confirmé.
Les fausse solutions
- Une croyance largement répandue dit que la taupe est hémophile : c’est complètement faux ! Inutile de mettre dans les galeries des tessons de bouteilles ou des lames de rasoir : au pire vous blesserez la taupe sans la tuer. Elle n’est d’ailleurs pas non plus aveugle, mais ses yeux sont très petits et dissimulés sous une épaisse fourrure pour les protéger de la terre.
- Certains utilisent des bouteilles plastiques posées sur des bâtons fichés en terre – on a vu fuir des taupes.. et revenir ailleurs !
- Les pièges à ultrasons, chers, à pile, contraignants, mais fonctionnent ! Un ami dont nous tairons le nom a réussi à faire partir toutes ses taupes de sa pelouse : elles ont investi son potager.
- Enfin, certains proposent de gazer les galeries. Evidemment,cette pratique est très nocive pour le sol et donc l’environnement. Est il besoin de dire que nous la déconseillons ?
Pour en savoir plus sur la plantation d’arbres dans les taupinières, un chouette article du blog permaforêt !
Et pour finir sur un joli texte de Gilles Clément (dont Thibaut, l’un des auteurs de ce blog, a suivi les cours) :
Chaque espèce déclarée nuisible génère des trésors d’inventions meurtrières. Le jardinier, sûr de son bon droit d’éradicateur, baigne dans une paranoïa activement entretenue par les vendeurs de poison. Il se rend esclave d’une pratique compliquée, inutile et nuisible : tout ce qui ne procède pas de son « projet » doit être effacé du paysage. Les animaux gênent.
(dans La sagesse du Jardinier, éditions JC Béhar)
Mais alors Groww, c’est quoi?
Si vous tombez sur ce site par hasard et que vous avez lu jusqu’ici, sachez tout de même que Groww est une application mobile de jardinage qui reconnait les plantes disponible pour Iphone et Ipad ici et pour android là.
Image d’en tête : Andreas Moller
Pascal
Oui le poil de chien. Testé et approuvé. Pour tout d’ailleurs. Les semis en serre, les jeunes pousses etc… Peu suffit, à renouveler en cas de forte pluie. Sinon c’est gras, ça résiste aux bruines, c’est fait pour 🙂
Antony Corset
Bonjour,
J’utilise un ultrasons comme répulsif (pas comme piège), ça consomme quatres grosses piles et tiens tout l’été.
Cela fonctionne très bien sans faire de mal.
La taupe va tout simplement voir ailleurs car elle est dérangée par le son.
Article intéressant.
Merci.